Changeons-nous d’emploi de plus en plus vite ? Pas vraiment, en fait. En moyenne, les Belges travaillent 11 ans dans la même entreprise. L’ancienneté moyenne est légèrement plus élevée aujourd’hui qu’il y a cinq ou dix ans. Les travailleurs ont donc au total environ 4 employeurs au cours de leur carrière. Il existe cependant une grande différence entre les plus grandes et les plus petites entreprises. L’ancienneté moyenne est nettement inférieure dans les PME par rapport aux grandes entreprises.
C'est ce qu'il ressort d'une analyse de l'expert RH Acerta Consult des chiffres réels de 340.000 travailleurs en service auprès de plus de 44.000 entreprises privées en Belgique.
Avec l’arrivée massive de jeunes sur le marché du travail, qui pratiquent plus souvent le « job-hopping », on pourrait penser que l’ancienneté moyenne des travailleurs belges diminue. Rien n’est pourtant moins vrai : l’ancienneté est aujourd’hui supérieure de près de 4 % à celle d’il y a cinq et dix ans. En d’autres termes, les travailleurs restent aujourd’hui un peu plus longtemps dans la même entreprise qu’auparavant. Les travailleurs passent aujourd’hui en moyenne 11 ans et 4 mois chez un employeur avant de changer d’emploi. Cela signifie qu’en moyenne, un travailleur dans notre pays change d’emploi trois fois au cours de sa carrière.
Illustration 1 : Ancienneté moyenne des travailleurs belges 2014-2019-2024 et évolution – par secteur
Benoît Caufriez, directeur chez Acerta Consult, explique : « Une ancienneté moyenne d’environ 11 ans implique qu’un travailleur travaille pour quatre employeurs différents sur l’ensemble de sa carrière. Même si les années coronavirus ont fait réfléchir les gens sur le travail qu’ils font ou veulent faire, la loyauté moyenne envers l’employeur n’en a apparemment pas souffert. Les jeunes, qui changent de toute façon plus rapidement d’emploi, n’ont pas non plus d’effet sur le chiffre global. En effet, d’une part, les travailleurs âgés sont plus nombreux, car nous devons tous travailler plus longtemps, et d’autre part, ils sont moins susceptibles de changer d’emploi. Cela ne signifie pas que les personnes acceptent d’office le statu quo pendant les 11 années où elles restent fidèles au même employeur. Grâce aux nombreuses possibilités de formation et aux efforts déployés en matière de “travail faisable”, les travailleurs peuvent généralement rester actifs plus longtemps dans leur emploi, même si le contenu de celui-ci évolue. »
Autre fait marquant : plus l’entreprise est grande, plus l’ancienneté moyenne est élevée. Dans les entreprises de plus de 500 travailleurs, l’ancienneté est d’environ 15,5 ans. Dans ces entreprises, l’ancienneté moyenne a également augmenté de 9 % au cours de la dernière décennie. En revanche, dans les plus petites PME, l’ancienneté oscille entre 6,5 et 8 ans.
Illustration 2 : Ancienneté moyenne des travailleurs belges 2014-2019-2024 et évolution – par taille
Benoît Caufriez conclut : « La Belgique est un pays de PME et les PME ne disposent pas des mêmes ressources et opportunités que les grandes entreprises en termes d’offres d’emploi et de possibilités de développement. Dans le même temps, le changement continu est également une réalité pour les PME, où le contexte de l’entrepreneuriat est en constante évolution. Il est donc important pour les PME de miser sur la capacité d’adaptation de leurs travailleurs, à tous les niveaux. Les employés “flexibles” sont davantage capables de conserver un emploi en constante évolution, ce qui renforce les organisations. »
À propos des chiffres
Cette enquête est basée sur les données réelles de quelque 574 000 travailleurs (ouvriers et employés) sous contrat à durée indéterminée en service auprès d’environ 44 000 employeurs du secteur privé. L’échantillon reflète le marché du travail du secteur privé en Belgique en ce qui concerne le statut, le genre, l’âge, le régime de travail, la région et la taille des entreprises.