Le projet de réforme porté par le gouvernement Arizona ne se limite pas à introduire une taxe sur les plus-values réalisées sur actifs financiers. Il va bien au-delà, en prévoyant des fictions fiscales aux conséquences lourdes pour les transmissions patrimoniales, notamment dans les contextes internationaux.
Deux dispositifs méritent une attention particulière : l’exit tax généralisée en cas de départ à l’étranger et la taxation en cas de donation ou de succession à un non-résident.
Un contribuable quittant la Belgique est réputé avoir cédé l’ensemble de ses actifs financiersau jour de son départ.
Cela revient à instituer une exit tax généralisée :
Cette fiction pose plusieurs questions juridiques majeures :
Le projet assimile à une cession à titre onéreux toute donation ou succession d’actifs financiers au profit d’un non-résident fiscal belge.
Conséquences concrètes :
Absence d’aménagement en cas d’usufruit :
Même si le donateur conserve l’usufruit économique (par subrogation réelle), le nu-propriétaire serait redevable de l’impôt, sans en percevoir les liquidités, sauf dérogation explicite dans l’acte.
Multiplication des risques de double ou triple imposition :
Cette nouvelle taxation soulève une question constitutionnelle importante :
En tant qu’impôt fédéral levé à l’occasion d’une transmission à titre gratuit, elle empiète potentiellement sur les compétences régionales, qui sont seules habilitées à légiférer en matière de droits de donation et de succession.
Le projet de réforme pénalise les transmissions familiales transfrontalières. En instituant une fiscalité fictive, immédiate et sans liquidités, il fragilise de nombreuses planifications patrimoniales.
Au-delà de ses objectifs budgétaires, ce régime soulève de sérieuses objections constitutionnelles et européennes, et risque d’être jugé discriminatoire à l’égard des familles impliquant un élément d’extranéité.
Un ajustement technique et juridique paraît dès lors indispensable pour garantir la sécurité juridique des contribuables et le respect des engagements européens de la Belgique.