Baisser les impôts ? C’est beaucoup plus compliqué que cela

Malgré les postures incantatoires de certains responsables politiques qui diabolisent les impôts à coup de statistiques et de comparaisons, sans avoir la moindre solution robuste sinon que d’espérer que leur baisse, conjuguée à une diminution des prestations sociales, suscitera un surcroît de croissance au bénéfice de tous, je crois que les impôts ne vont pas baisser. Au contraire.

On peut bien sûr, à juste titre, se plaindre de l’efficacité de l’État, mais il ne faut pas oublier la valeur inestimable de nos systèmes d’enseignement et de soins. On peut s’insurger contre les allocataires sociaux, en oubliant que l’on peut, un jour, le devenir. On peut tempeter contre les pensions, trop généreuses pour certains, en oubliant que ces dernières sont le tribut que nous devons nous acquitter à ceux qui ont construit la Belgique avant nous.

Car, soyons de bon compte : lorsque l’on parle d’une allocation universelle, ce n’est pas en déchiffrant les parchemins de vieilles études universitaires qu’on va en trouver le fondement, mais en ouvrant nos fenêtres et en observant ce que ceux qui nous ont précédés dans ce Royaume ont construit, à notre bénéfice.

Mais il y a autre chose de plus fondamental : les impôts sont liés à la nature des prestations sociales. Et la sécurité sociale, tout comme les pensions, ne sont plus des systèmes autonomes qui permettent de voir leurs dépenses couvertes par des cotisations. Les causes en sont multiples, mais c’est probablement le vieillissement de la population qui l’entraîne. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle des recettes de TVA, de précompte mobilier, voire d’autres taxes sont utilisées pour financer la sécurité sociale. On appelle cela son financement alternatif.

C’est une des raisons pour lesquelles la fiscalité est devenue une pelote de laine où tous les fils sont noués les uns aux autres, et qu’on ne peut pas toucher à l’impôt des personnes physiques sans envisager toutes les interactions avec les dépenses sociales, la taxation du capital et de la consommation.

En vérité, une solution à court terme serait de baisser les premiers taux d’imposition sur les bas salaires et d’augmenter la taxation marginale, aujourd’hui fixée à 50 %, sur les revenus professionnels les plus hauts. Et à plus long terme, on devrait tenir compte des revenus globalisés des personnes physiques pour mesurer s’ils ont besoin, ou pas, d’avantages sociaux.

Cela exige une réflexion de fond très appliquée, car notre héritage, l'État social, qui est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, est une construction, certes bigarrée, mais qui est aussi le ciment du Royaume.

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