Le rapport de la Commission européenne publié le 1er juillet dresse un état des lieux tout en faisant le point sur les initiatives politiques en cours de l'UE.
En prenant compte les risques de transition et les risques physiques, les risques climatiques pourraient entrainer des pertes pour les entreprises financières et non financières. Explications et évolutions.
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La version originale, à laquelle il convient de se référer le cas échéant, est la version anglaise du rapport.
Plus concrétement, vous trouverez dans résumé proposé dans le rapport les balises de réflexion susceptibles de vous permettre d'appréhender la situation et son évolution prévisible dans les meilleures conditions.
"De multiples efforts sont déployés aux niveaux national, européen et mondial pour mesurersurveiller et combattre les effets négatifs du changement climatique sur la stabilité financière.La Commission européenne a intensifié ses efforts pour surveiller et traiter les risques systémiques potentiels que le changement climatique fait peser sur le système financier de l’Union européenne.
Le présent rapport se fonde sur un mandat donné dans la stratégie2021 de la Commission pour le financement de la transition vers une économie durable.Il dresse le bilan des travaux d’analyse menés dans l’Union européenne (UE), recense. les principaux défis que pose la mesure de l’incidence des risques liés au climat
sur la stabilité financière et expose les mesures prises jusqu’à présent au niveau de l’UE.
Malgré le nombre limité d’analyses disponibles, le présent rapport porte aussi bien sur les risques transition que sur les risques physiques qu’entraîne le changement climatique.
Il dresse le constat que l’impact sur la stabilité financière varie considérablement d’un pays à l’autre et d’un secteur économique à l’autre et met en évidence des risques systémiques potentiels
Des analyses récentes de la vulnérabilité ont révélé que les prêts et les investissements réalisés dans les secteurs de l’extraction minière, de l’industrie manufacturière et de l'électricité sont particulièrement exposés aux risques de transition. En ce qui concerne les risques physiques, les prêts qui exposent les emprunteurs à une grande vulnérabilité physique et financière en ce qui concerne leur risque de crédit sont concentrés dans certains pays. Des tests de résistance sectoriels et à l’échelle de l’économie ont montré que tous les acteurs des marchés financiers sont touchés à des degrés divers.
Pour les banques, le test de résistance de 2023 mené par la Banque centrale européenne (BCE). établit que les pertes globales pour la banque médiane se situent entre 0,6 et 1 % par rapport à la taille du portefeuille, tandis que les 10 % de banques les plus vulnérables perdent deux fois ce montant. Toutefois, une analyse de la vulnérabilité figurant dans le rapport 2023 de la BCE et du Comité européen du risque systémique (CERS), fondée sur de nouveaux scénarios à court terme combinant une transition soudaine et des conditions macroéconomiques défavorables, indique au niveau de l’ensemble des entreprises une hausse globale de la probabilité de défaut (PD) de 2,3 points de pourcentage (pp) en moyenne avec des variations importantes entre les secteurs d’activité. Pour les entreprises du secteur de l’électricité et du gaz, l’analyse conclut à une hausse de 7 pp d’ici à 2027, dont 5 pp sont dus aux seuls risques de transition. Ces probabilités de défaut plus élevées se
traduisent également par un risque de crédit accru pour les portefeuilles de prêts aux entreprises dans le secteur bancaire. Les probabilités de défaut des portefeuilles des banques devraient augmenter de 1,7 pp entre 2022 et 2027 et de 0,1 à 0,2 pp supplémentaire sous l’effet d’autres chocs modélisés. La hausse du risque de crédit est due, dans une proportion comprise entre la moitié et les deux tiers, aux seuls risques de transition.
Pour les assureurs de l’Espace économique européen (EEE), l’analyse de sensibilité de 2020, montre que les pertes pour les investissements en fonds propres dans les secteurs à forte intensité de carbone peuvent être considérables. La perte de valeur peut atteindre plus de 25dans le scénario défavorable modélisant des risques de transition élevés, avant la prise en compte de tout investissement ayant un effet compensatoire. Ces pertes sont liées auxinvestissements dans l’extraction de combustibles fossiles, en particulier le pétrole et le gaz.
Pour le secteur des institutions de retraite professionnelle, l’analyse révèle qu’un scénariode transition désordonné entraîne une importante baisse de valeur de 12,9 %, ce qui correspond à des pertes de valorisation des actifs d’environ 255 milliards d’EUR.
Pour les fonds d’investissement, un scénario défavorable entraînerait une dépréciation globale de 1,2 % au cours des 15 prochaines années, mais les pertes pourraient aller jusqu’à 14%. pour les portefeuilles d’investissement plus exposés aux secteurs émettant des gaz à effet de serre.Toutefois, sur la base des scénarios à court terme les plus récents combinant une transition soudaine et des conditions macroéconomiques défavorables, l’Autorité européennedes marchés financiers (AEMF) estime que pour les fonds d’investissement européens, la réduction de la valeur totale des actions détenues pourrait atteindre jusqu’à 70%sous l’effet du choc appliqué en 2023, les pertes s’atténuant au cours des années suivantes à la suite d’ajustements dynamiques. Toutefois, la perte globale est principalement (c’est-à-dire 4/5 de l’impact) due aux hypothèses macroéconomiques plutôt qu'au scénario de transition climatique soudaine. Les pertes sectorielles les plus importantes proviendraient des industries extractives, de la gestion de l’eau et des déchets, ainsi que de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche.
Étant donné que ces tests de résistance contribuent à un processus d’apprentissage permanent de l’industrie, des autorités de surveillance et des régulateurs, les analyses devront être affinées et complétées, afin de prendre en compte i) toutes les expositions pertinentes ii) les interactions entre l’économie financière et l’économie réelle; iii) les effetscumulatifs; iv) les interactions au sein du système financier et v) les risques environnemtaux (perte de biodiversité et perte de nature). Les estimations actuelles de l'incidence des risques liés au climat doivent donc être considérées comme une estimation plancher ou minimale de l’incidence réelle de ces risques, étant donné que les projections actuelles sous-estiment probablement l’incidence globale du changement climatique.
De nouvelles initiatives telles que l’exercice intersectoriel «Ajustement à l’objectif 55» et d'autres travaux d’analyse amélioreront notre compréhension de ces risques. Les résultats ne seront disponibles qu’en 2025, mais les discussions en cours sur d’éventuelles mesures microprudentielles et macroprudentielles permettent d’établir certains principes clés: les mesures devraient être fondées sur les risques, adopter une approche globale, englober différents secteurs et être coordonnées entre les autorités responsables des mesures microprudentielles et macroprudentielles. Sur la base des travaux d’analyse en cours et des conclusionsde l’exercice «Ajustement à l’objectif 55», et dans le cadre de sa stratégie globale, la Commission évaluera les améliorations à apporter aux cadres micro- et macroprudentiels pour les banques et les entités non bancaires."