Lors de la convention républicaine, Donald Trump a annoncé qu’un des maux qui minait l’Amérique et devait être combattu, à côté de l’immigration, était l’inflation. Elle est pourtant modérée aux États-Unis, mais cela rappelle l’époque reaganienne au cours de laquelle les taux d’intérêt furent propulsés pour la combattre, au prix d’une récession mondiale et d’une appréciation du dollar en 1981-82 qui dut elle-même être corrigée par les accords du Plaza en 1985… car la surévaluation du dollar creusait le déficit commercial des États-Unis en rendant les exportations américaines coûteuses et les importations bon marché. Entre-temps, cette appréciation du dollar avait créé une catastrophe internationale, dont la crise mexicaine et d’autres effondrements monétaires.
Mais Donald Trump veut lui combattre l’inflation en BAISSANT les taux d’intérêt. L’idée est curieuse. En effet, il est vaguement admis que c’est la hausse des taux d’intérêt qui combat l’inflation, ce que fait la Réserve fédérale. Mais cela va plus loin : Donald Trump veut aussi mettre en œuvre des droits de douane à l’importation qui devraient conduire à de l’inflation importée.
On ne comprend donc plus rien du tout.
C’est, en vérité, la recette que Recep Erdogan a mise en œuvre en Turquie avant de se raviser : il a baissé les taux d’intérêt pour que le potentiel d’exportation de la Turquie crée une croissance économique, mais ce fut au prix d’une inflation eschatologique de l’ordre de 21 % par an depuis 10 ans.
Donc, pour appliquer la politique de Donald Trump qui semble, à tout le moins hétérodoxe, il faut commencer par mettre la Réserve fédérale sous le contrôle gouvernemental, c’est-à-dire lui ôter cette indépendance relative dont elle est dotée depuis sa fondation en 1913.
La Réserve fédérale va alors monétiser la dette publique américaine, à des taux d’intérêt très bas, au prix évident d’une inflation qui est l’opposé de son objectif. Le dollar en sera affaibli, comme le fut la livre turque.
Mais alors, l'inflation ?
Hé bien, entretemps, on sera passé à ... autre chose.
Mais la BCE sera confrontée à un terrible défi, à savoir suivre le même chemin, ce que les pays frugaux de la zone euro ne veulent pas, et cela dans un contexte d’endettement public incontrôlable de certains pays dont la France et l’Italie.
Par une politique budgétaire et monétaire vigoureuse, Donald Trump va donc créer un schisme budgétaire et monétaire européen…ET le dollar affaibli plus les droits d'importation américains va plonger l'Europe dans un choc négatif majeur.