Enveloppes de fin d'année: attention à la qualification juridIque
Temps de lecture: 3 min | 27 déc. 2025 à 05:00
Julien Limet
Associate @ Tetra Law
À l’approche de Noël et du Nouvel An, il est courant de soutenir financièrement ses enfants ou petits-enfants en leur remettant des dringuelles. Dans l’immense majorité des situations, ces gestes ne posent aucune difficulté.
Mais lorsque les montants augmentent, la qualification juridique du versement devient déterminante...
Le versement ou la remise d'une telle somme peut être qualifié comme : > un cadeau d'usage, admis comme un présent lié à une occasion particulière, sans incidence fiscale ou successorale ; > une donation mobilière, avec des effets successoraux et - surtout - des effets fiscaux parfois inattendues
> générer éventuellement des droits à payer (en fonction : exonération, application du droit de donation, voire réintégration dans la succession en cas de décès à bref délai) ;
> nourrir des conflits familiaux au moment du décès du généreux donateur...
Comment apprécie-t-on la qualification ?
Faute de seuil prévu par la loi, l’analyse repose ainsi sur un faisceau d’indices, parmi lesquels on retrouve : > l’existence d’une occasion identifiable au jour de l'opération (telle qu'un anniversaire, Noël ou le Nouvel An, et non la réalisation du virement concerné trois semaines plus tard...) ; > la proximité du lien familial (un cadeau d'usage (de Noël) s'envisage plus facilement au profit d'enfants qu'au profit de tiers) ; > la proportion du montant par rapport au patrimoine du donateur (en pratique, le fait de disposer de ± 1 % de son patrimoine par an constitue un repère admis, tous bénéficiaires confondus).
Contexte bruxellois : un changement majeur
Point d'attention : à partir du 1er janvier 2026, les donations mobilières non enregistrées opérées par un donateur bruxellois seront soumises à une période suspecte de 5 ans (contre 3 actuellement), comme c'est déjà le cas pour les donateurs wallons et flamands.
La durée endéans laquelle un versement peut être réintégré à des fins fiscales dans la succession du donateur s’allonge donc sensiblement, et le risque d'une requalification devient d'autant plus important.
Quelques bonnes pratiques
On retiendra notamment : > de qualifier clairement l’occasion dans les virements ; > d'éviter d'indiquer "don" si tel n'en est pas un ; > de conserver une trace écrite ; > de consulter lorsque la générosité change d’échelle.
La fin d’année est un moment privilégié de transmission. Un encadrement juridique adapté permet d’en préserver l’intention… et les effets !Quel