J’ai été très frappé par l’entretien que le Français Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales, a accordé aux Échos le week-end passé. Le titre retenu pour cette interview parle de lui-même : "La perspective d’une troisième guerre mondiale ne peut plus être écartée."
Il fait référence, à cet égard, au premier conflit mondial, dont le second (que je n’espère pas être le deuxième) fut probablement une réplique sismique en Europe.
Dans cet entretien, il établit un lien entre la première mondialisation et le conflit mondial, et ce n’est pas la première fois que je vois cette corrélation mise en avant. Jacques Attali lui-même affirme que nous commençons à commettre les mêmes erreurs que celles qui furent faites avant 1914. Bien sûr, il ne dait pas tomber dans les sophismes, ni confondre causes et symptômes. Rien ne dit que la mondialisation qui a créé le conflit, alors que ce dernier l’a évidemment arrêtée.
Mais je me suis souvent interrogé : la mondialisation, qui conduit à ce que tout le monde soit en interaction avec tout le monde, dans une homogénéisation des comportements et donc dans l’effacement des spécificités de tous ordres, n’est-elle pas une source de conflit ?
Est-ce que l’homogénéisation ne pousse pas à la formation de groupes humains autour de valeurs différenciantes (race, religion, etc.), qui servent de marqueurs identitaires pour compenser la perte de distinction entre les individus ?
Si c’est le cas — et après tout, je n’en sais rien — alors la mondialisation, qui est l’aboutissement du capitalisme, désormais rendu hautement inflammable par les mutations idéologiques américaines, pourrait être une source de conflits, surtout dans un mode désormais multipolaire.
Cette perspective mérite réflexion.