La Banque nationale publie aujourd’hui son Rapport macroprudentiel et son Financial Stability Report. Au travers de ces publications annuelles, l’autorité macroprudentielle belge rend notamment compte, comme demandé par le législateur, de la manière dont elle exerce son mandat en qualité de gardienne de la stabilité du système financier en Belgique.
Les rapports abordent non seulement la politique macroprudentielle menée, mais ils consacrent également une grande attention aux évolutions récentes observées dans le secteur belge des banques et des assurances, de même que sur les marchés importants pour la stabilité financière, comme les marchés immobiliers résidentiel et commercial. Les conséquences de la crise du COVID-19 pour les entreprises et les ménages sont bien sûr également au centre de l’analyse. En effet, l’effondrement marqué de l’économie a non seulement conduit à des problèmes de liquidité, mais entraîne aussi de plus en plus un endettement excessif dans les secteurs fortement touchés.
Grâce à une position de départ solide, le secteur financier belge a pu compléter les mesures de soutien des pouvoirs publics pour les entreprises et les ménages lourdement touchés, par un report de paiement pour les emprunts en cours et par un octroi de crédits supplémentaires, sans pour cela compromettre la stabilité financière. Le secteur devra maintenant jouer un rôle-clé dans la reprise économique également, notamment en garantissant un accès suffisant au crédit bancaire et en proposant des mesures adéquates et des solutions durables pour les entreprises viables confrontées à un endettement excessif à la suite de la crise du coronavirus (par exemple en accordant des rééchelonnements de dettes). Les banques disposent de coussins de liquidités et de fonds propres suffisants pour jouer ce rôle essentiel et absorber les pertes qui y sont associées, sans que la stabilité financière n’en soit menacée. Les six milliards d’euros de coussins de fonds propres que les autorités prudentielles ont libérés pour les banques belges au début de la crise demeurent disponibles en vue de constituer des provisions supplémentaires pour des pertes de crédit futures et de proposer des mesures adaptées et des solutions durables aux clients. Le cadre permettant d’octroyer des emprunts assortis d’une garantie de l’État est toujours opérationnel et la Banque nationale compte sur les banques pour fournir, durant la phase de reprise économique, un accès aisé et suffisant à ce canal de financement alternatif aux entreprises qui remplissent les conditions pour en bénéficier, en particulier lorsque d’autres formes de soutien aux entreprises prendront fin. Grâce à ces mesures de soutien, les défauts de paiement sur les emprunts sont, jusqu’à présent, restés très limités. Les établissements financiers doivent toutefois se prémunir contre une éventuelle augmentation sensible des difficultés de paiement à l’avenir.
Un deuxième message important du Rapport macroprudentiel et du Financial Stability Report porte sur les conditions d’octroi des crédits hypothécaires. Les attentes prudentielles de la Banque nationale en la matière ont été instaurées au début de l’année dernière et les rapports comportent une première évaluation de la mesure dans laquelle les établissements ont suivi ces directives. Ces derniers mois, la presse a fait état à ce propos d’une incidence négative sur l’accès au marché hypothécaire pour les jeunes. Cette information n’est pas confirmée par les chiffres, notamment parce que la mesure a spécifiquement tenu compte de cette préoccupation légitime au travers de directives plus flexibles pour le segment particulier des primo-acquérants. Malgré la crise du coronavirus, l’année dernière a de nouveau été un « grand cru » pour la production de nouveaux crédits hypothécaires (avec 42 milliards d’euros, elle figure parmi les trois années affichant la production la plus élevée) et la part des jeunes est restée stable, aux environs de 35 %. Par ailleurs, le segment des emprunts pour l’achat de biens immobiliers d’investissement (« buy-to-let ») demeure un point d’attention pour la Banque, les établissements n’y satisfaisant généralement pas (encore) aux attentes prudentielles. Les raisons de cette non-conformité seront analysées de manière critique et approfondie et feront l’objet d’une discussion et d’une évaluation avec les établissements déclarants.
La stabilité du système financier est importante pour permettre aux établissements financiers de remplir adéquatement leurs missions de base en période de crise également. Le secteur financier belge est aujourd’hui bien placé pour jouer un rôle-clé dans la reprise économique, et ce notamment grâce aux réformes entreprises depuis la crise financière mondiale de 2008-2009, ainsi qu’aux mesures microprudentielles et macroprudentielles adoptées pour le marché immobilier et à la suite de la crise du coronavirus.
Source : BNB