La création d’emplois dans le secteur privé s’arrête net!

Avec les annonces de restructurations, fermetures et faillites d’entreprises telles qu’Audi Vorst, le fabricant de puces BelGan, le constructeur de bus Van Hool, le producteur de nylon Nyobe, Esprit, Dreamland, Barry Callebaut, FedEx, Celanese, Sappi, Ontex, et les entreprises textiles Balta, Beaulieu et McThree, de nombreux licenciements ont eu lieu ces derniers mois. Pourtant, il n’est pas encore question d’une catastrophe sur le marché de l’emploi.

Globalement, il y a encore une (légère) augmentation des emplois sur le marché du travail belge. Cependant, les conséquences de la faible croissance économique deviennent de plus en plus visibles.

Signaux d’alarme sur le marché de l’emploi

Outre les annonces de licenciements, plusieurs autres indicateurs du marché du travail sont préoccupants :

  • L’activité intérimaire, traditionnellement un indicateur avancé du marché du travail, reste sous pression. Depuis le pic post-COVID de fin 2021, l’activité intérimaire a chuté de 20 %. Elle est désormais revenue au niveau d’il y a dix ans, et pour l’instant, aucun redressement n’est en vue.
  • Le chômage temporaire pour raisons économiques concernait en moyenne 45 000 personnes en Flandre au cours des sept premiers mois de cette année, soit une augmentation de 19 % par rapport à l’année dernière, ce qui constitue le chiffre le plus élevé des dix dernières années (hors années COVID).
  • Les annonces de licenciements collectifs ont concerné 3 800 personnes en Flandre au premier semestre, soit une hausse de 44 % par rapport à la même période l’année dernière, et le chiffre le plus élevé des dix dernières années.
  • Le nombre de demandeurs d’emploi non actifs a augmenté de 8 % au cours des huit premiers mois de l’année (au niveau national), avec une hausse de 12 % en Flandre.

Pourtant, de nouveaux emplois apparaissent encore sur le marché belge

Au cours des douze derniers mois, l’emploi total en Belgique a encore augmenté de 18 000 personnes. Cependant, cette croissance de l’emploi a considérablement ralenti (il y a un an, elle était encore de 44 000). De plus, l’augmentation de l’emploi au cours des douze derniers mois est entièrement due au secteur public (au sens large). Dans le secteur privé, la création d’emplois s’est complètement arrêtée.

Quelles économies ?

Ces chiffres révèlent deux points importants. Le premier concerne la taille de notre secteur public. Depuis des années, certains avertissent quasi constamment d’une “politique d’austérité brutale”. Ces dernières semaines, les négociations gouvernementales ont également été critiquées par les syndicats en raison des “économies très sévères”.

En réalité, l’emploi dans le secteur public au sens large (y compris l’enseignement et les soins de santé) augmente systématiquement depuis des décennies. Début 1995, un peu plus d’un million de personnes travaillaient dans le secteur public au sens large. Aujourd’hui, elles sont 1,6 million. Il n’y a donc pas de véritables économies, et encore moins de “sévères économies”. Il est également remarquable que, ces trente dernières années, 45 % de la création d’emplois dans notre économie ait eu lieu dans le secteur public. Et l’année dernière, cette proportion a atteint 100 %.

Cette augmentation de l’emploi dans le secteur public est visible dans toutes les branches de celui-ci. Depuis 1995, le nombre de travailleurs dans l’administration publique et la défense a augmenté de 83 000 (+22 %), dans l’enseignement de 121 000 (+38 %), dans la santé de 144 000 (+68 %), et dans les services sociaux de 187 000 (+140 %). La question de savoir si tous ces effectifs supplémentaires (et les ressources associées) sont bien utilisés est rarement posée.

La pénurie structurelle reste un problème

Le deuxième point est que le marché du travail reste sensible aux fluctuations conjoncturelles, malgré une dynamique globale de pénurie. Conjoncturellement, le marché du travail est sous pression, et il est très probable que cette situation ne s’améliore pas de sitôt. Pourtant, les difficultés à trouver des travailleurs qualifiés restent de loin le plus grand défi structurel sur notre marché du travail. La récession conjoncturelle actuelle n’y change rien.

Au cours des vingt prochaines années, le marché du travail belge verra très peu de personnes en âge de travailler arriver, alors même que des effectifs supplémentaires seront nécessaires pour assurer une croissance économique continue. Compte tenu des compétences les plus nécessaires pour cette croissance, la situation sera d’autant plus difficile en raison de l’inadéquation importante entre les compétences disponibles et celles requises. Les difficultés liées à la pénurie sur le marché du travail et les changements qu’elles entraîneront dans la relation entre employeurs et employés ne font que commencer. Cette pénurie augmentera encore au fil des fluctuations conjoncturelles dans les années à venir.

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A l’origine, cet article a été rédigé en néerlandais, en sorte que c’est à la version néerlandaise qu’il convient de se référer en tout état de cause.

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