L’écart entre les hommes et les femmes se creuse ! La crise du coronavirus n'épargne personne. En 2020, les femmes à la recherche d'un emploi en Région bruxelloise ont fait face à des inégalités et une discrimination de genre accrues.
En cette Journée internationale des droits des femmes, Actiris fait le point : un an après le début de la crise, quelles sont les conséquences de celle-ci pour les femmes à la recherche d'un emploi ?
Malgré de nombreuses avancées en matière de genre, les femmes et les hommes ont toujours un accès inégal à l'emploi. Avant la crise du coronavirus, 4 Bruxelloises sur 10 étaient exclues ou indisponibles sur le marché de l’emploi, contre 3 hommes sur 10.
Si une crise traditionnelle touche principalement les secteurs dits «masculins» comme le secteur de la construction et des transports, la crise actuelle touche par contre les secteurs dits «féminins». Prenons par exemple les aides ménagères, souvent d'origine étrangère, qui travaillent avec des titres-services et qui ont été forcées d’arrêter de travailler pendant des mois. Ou encore le secteur des soins de santé dans lequel la charge physique et mentale a augmenté et les conditions de travail se sont détériorées. Les travailleuses (et travailleurs) des soins de santé se sont exposées au virus au quotidien, ont fait des heures supplémentaires, se confrontant souvent à des problèmes de garde d’enfants pendant le confinement.
Les chiffres viennent appuyer ceci : en mai 2020, 2 congés parentaux corona sur 3 ont été pris par des mères travailleuses, 3 sur 4 en septembre. La fermeture des crèches et des écoles a indéniablement eu un effet considérable sur la vie professionnelle des femmes1.
Grâce au système de chômage temporaire et au droit passerelle, beaucoup de Bruxelloises (et Bruxellois) ont pu garder leur job. Cependant, le taux de chômage chez les femmes reste plus élevé que celui des hommes en Région Bruxelles-Capitale : 16,1% contre 15,2% des hommes en 2020.Parmi celles-ci, près de 1 sur 3 n’avait pas droit aux indemnités de chômage, contre 1 homme sur 4.
Le risque d'inégalité et de discrimination augmente lorsque la femme a sa famille à charge. A Bruxelles, 1 enfant sur 4 grandit dans une famille monoparentale. Dans 86% de ces familles, c'est une mère célibataire qui est en charge.2 Ce qui veut dire que près de 64.000 familles ont été exposées à un risque plus grand d'exclusion sociale et financière pendant la crise sanitaire. De plus, plus de la moitié des mères célibataires de la Région bruxelloise sont d'origine étrangère.
En septembre 2020, plus de 23 000 femmes percevaient un revenu d’intégration en Région bruxelloise, contre environ 19 000 hommes. Sur base annuelle, le nombre d'hommes percevant un revenu minimum a augmenté de 8% et de 5,5% pour les femmes.
Ces chiffres interpellants nous obligent à être et à rester vigilants au sujet de l'égalité des chances en matière d'emploi entre hommes et femmes mais aussi entre femmes. Plusieurs études montrent que les femmes bruxelloises d'origine non européenne sont moins susceptibles de trouver du travail, également en comparaison avec les hommes d'origine non européenne. Les femmes d'origine non européenne connaissent une triple vulnérabilité sociale: un plus grand risque de chômage, un risque de manque de revenu de remplacement si elles sont au chômage et, une fois employées, elles sont limitées à des emplois mal rémunérés ou physiquement exigeants, dans des secteurs comme l'horeca, les soins ou l’aide sociale, l’aide à domicile et le nettoyage (les métiers dit du « care »). Ce sont également des secteurs qui ont été durement touchés par la crise, ce qui renforce d’autant plus les inégalités et la discrimination à l’égard des femmes d’origine non européenne.
Actiris Inclusive, le service anti-discrimination d'Actiris, est en première ligne pour voir à quel point les femmes ont été durement touchées par la crise. Pendant cette période, la discrimination basée sur le genre a été exacerbée. Comme pour Julia3, qui explique: « En février 2020, j’ai dit à mon employeur que j’étais enceinte. J’ai continué à travailler, mais mon médecin m’a mis en arrêt du travail car j’étais à risque à cause du Covid-19. Apres le premier confinement, je suis retournée travailler et j’ai été informée par la direction que mon contrat prenait fin. Non pas parce que je travaillais mal, mais, à mon avis, parce que j’étais enceinte. Je n’ai pas compris cette décision, mon travail étant apprécié. J’ai appris par la suite que personne n’avait été trouvé pour me remplacer pendant mon congé de maternité. Je me suis retrouvée sans emploi. J’ai vraiment le sentiment d’avoir été discriminé simplement parce que j’étais enceinte. » Julia a signalé la discrimination à Actiris Inclusive, qui l'a guidée et a cherché une solution avec elle.
Les femmes victimes de discrimination sur le marché du travail peuvent contacter Actiris Inclusive pour trouver une solution avec l’aide des collaborateurs du service. Tout contact est confidentiel et anonyme, il peut être pris via le numéro gratuit 0800 35 089 ou via le formulaire en ligne !
Actiris Inclusive, organise cet après-midi un webinaire interactif sur le thème "Femmes, travail & covid-19, un an plus tard: des constats à l'espoir". Un état des lieux, mais surtout un regard sur l'avenir et les solutions.
1 Onem, le congé parental corona
2 MONOP', LA MONOPARENTALITÉ À BRUXELLES
3 Le prénom a été changé.
Source : Actiris