L’objet de cette page est donc de donner quelques statistiques basiques sur leur poids dans l’économie belge.
Tout d’abord, définissons la notion de « groupe d'entreprises », il s’agit d’un ensemble d’unités légales (numéro BCE[1]) entretenant des liens directs ou indirects principalement financiers (participations ou contrôle) mais aussi fréquemment organisationnels (dirigeants, stratégies, etc.) et économiques (mise en commun de ressources).
Une initiative européenne a permis de mettre en place un registre des groupes multinationaux. Les chiffres suivants sont issus de ce répertoire, appelé European Group Register (EGR)[2].
L’EGR est le registre statistique des groupes multinationaux ayant au moins une unité légale dans au moins un pays de l’Union européenne. Il a été créé pour des besoins exclusivement statistiques, en particulier la coordination des bases de sondage dans le système statistique européen (SSE) pour produire des statistiques de haute qualité sur les activités commerciales mondiales, comme les statistiques des filiales étrangères (FATS[3]) et les statistiques des investissements directs étrangers (FDI[4]). Pour les informations sur les unités résidant dans les États membres de l'UE et dans les pays de l'AELE[5], l'EGR utilise les données des répertoires statistiques nationaux respectifs des entreprises, tandis que des sources commerciales sont utilisées pour couvrir les unités situées en dehors des pays de l'UE et de l'AELE.
Dans la suite de cette analyse, nous présentons des résultats en ventilant suivant la notion de « l’unité tête de groupe ». Afin de comprendre cette notion, nous distinguons au sein d’un groupe :
Nous considérons que la nationalité d’un groupe est celle de son unité décisionnelle : l’objectif est d’éviter de localiser trop systématiquement les groupes dans les pays où résident uniquement leurs holdings financières. Ainsi, un groupe dont l’unité décisionnelle est en Belgique et dont l’unité « chapeautant le groupe » est au Luxembourg, sera considéré comme un groupe de tête belge.
Une autre notion est sous-jacente : on parle ici exclusivement de groupes multinationaux au sens où le groupe possède des unités légales dans au moins 2 pays dont un pays faisant partie de l’Union Européenne.
Les résultats présentés ici s’appuient sur des processus statistiques n'ayant pas encore atteint leur pleine maturité en termes d'harmonisation, de couverture ou de méthodologie. Nous les présentons donc ici sous la forme de « statistiques expérimentales ». La présente publication se concentre sur les données concernant les territoires de l’UE et l’AELE pour lesquels la qualité des données est meilleure. Bien que présente dans l’EGR, les branches (succursales d’unités légales étrangères) ne sont pas comptabilisées.
Le côté expérimental des chiffres d’évolution présentés ici apparaît clairement lorsqu’on observe les nombres de groupes et de filiales au cours des années 2019 à 2022. La couverture, dans la base de données, en termes de groupes, s’est accrue de 20% entre 2019 et 2022.
Concernant les filiales, on constate une croissance annuelle régulière entre 2019 et 2022. La connaissance concernant les filiales continue d’augmenter, elle n’est pas encore parfaitement stabilisée.
Année | Nombre de groupes présents en Belgique | Nombre d’unités légales belges dans ces groupes | Par rapport à l'ensemble de l'économie | Emploi des unités belges | Par rapport à l'emploi en Belgique |
---|---|---|---|---|---|
2014 | 3.141 | 10.125 | 1,2% | 887.161 | 23,2% |
2015 | 5.457 | 13.925 | 1,6% | 972.929 | 25,2% |
2016 | 6.796 | 17.041 | 2,0% | 1.031.761 | 26,4% |
2017 | 6.969 | 17.375 | 2,0% | 1.054.535 | 26,6% |
2018 | 7.459 | 19.024 | 2,1% | 942.440 | 23,4% |
2019 | 9.196 | 21.822 | 2,3% | 1.060.921 | 25,9% |
2020 | 10.885 | 25.406 | 2,6% | 1.188.411 | 29,3% |
2021 | 10.716 | 25.907 | 2,6% | 1.259.852 | 30,4% |
2022 | 11.059 | 27.720 | 2,6% | 1.276.979 | 30,3% |
On peut constater qu’en Belgique, le poids des groupes multinationaux est important, car même si moins de 3% des unités légales appartiennent à de telles structures, ils représentent plus de 30% des emplois en 2022.
Année | Nombre de groupes de tête belge | Nombre d’unités légales belges | Par rapport à l'ensemble de l'économie | Emploi | Par rapport à l'emploi en Belgique |
---|---|---|---|---|---|
2014 | 2.029 | 5.879 | 0,7% | 336.115 | 8,8% |
2015 | 2.933 | 8.067 | 0,9% | 410.553 | 10,6% |
2016 | 3.833 | 10.325 | 1,2% | 427.203 | 10,9% |
2017 | 3.664 | 9.940 | 1,1% | 420.527 | 10,6% |
2018 | 3.847 | 11.837 | 1,3% | 497.929 | 12,4% |
2019 | 4.087 | 11.991 | 1,3% | 479.037 | 11,7% |
2020 | 4.549 | 13.450 | 1,4% | 458.293 | 11,3% |
2021 | 4.645 | 14.228 | 1,4% | 537.079 | 12,9% |
2022 | 4.457 | 14.391 | 1,4% | 499.428 | 11,8% |
En comparant les 2 tableaux, on note que les groupes présents en Belgique sont majoritairement de tête étrangère. Sur le plan de l’emploi, les groupes de tête belge possèdent près de 40% de l’emploi des groupes présents en Belgique. On peut également noter que le registre se complète d’année en année due à la maturité des processus de collecte et de traitement des sources, c’est pour cela que la suite de la publication va se concentrer sur la dernière année disponible 2022 qui est la plus complète. Les données concernant les autres années sont disponibles sous l’onglet « données ». Il convient également de noter que l’identification d’un groupe comme étant à tête belge est un processus en cours d’affinement ; il est donc prudent d’interpréter avec précaution les variations annuelles en termes de nombre de groupes ou d'emplois rattachés aux groupes à tête belge.
Parmi les groupes multinationaux opérant en Belgique, les groupes de tête belge représentent 40% des groupes. Le reste se divise comme suit:
La plus grande partie des groupes présents en Belgique sont des groupes de tête néerlandaise ensuite viennent les groupes de tête allemande, française et luxembourgeoise. Globalement on peut voir que les pays limitrophes sont fortement représentés.
La figure ci-dessous présente les pays dans lesquels sont répartis les filiales de groupes de tête belge en terme d’emploi ou en terme d’unité légale. Pour les groupes multinationaux dont le centre décisionnel est situé en Belgique, les filiales belges représentent environ 50% du nombre total de filiales. Les pays limitrophes tels que la France, les Pays-Bas et l’Allemagne arrivent fort logiquement comme les pays où s’implantent le plus les groupes belges. La répartition des nationalités de nos filiales selon l’emploi ne suit pas le même ordre. On note que les Pays-Bas -dans lesquels environ 15% de nos filiales sont implantées ne représentent qu’environ 10 % de l’emploi de nos filiales au niveau européen.
Une autre manière de présenter l’implantation de nos groupes dans les autres pays est de considérer la taille des filiales. Dans le graphique ci-dessous, nous représentons -par pays d’implantation-, la répartition du nombre de filiales selon les classes d’emploi ([0 ;10[ - [10 ;50[ et [50 et plus[).
Ce graphique montre que les implantations des groupes belges sont majoritairement de faible effectif, que les unités légales ont tendance à être de pl us grande taille dans les pays de l’Est (République tchèque, Pologne, Roumanie et Bulgarie) par rapport à celles présentes en Belgique ou encore en France.
Le registre des groupes fournit également des informations sur l’activité exercée par les filiales ; nous fournissons dans les deux graphiques ci-dessous la répartition des activités principales en nombre de filiales et en emploi.
Nous reprenons ci-dessous la section de l’activité principale du groupe selon la nomenclature nace 2008). Il s’agit des agrégats principaux de l’activité économique, il en existe 21 dans la nomenclature de 2008.
Une analyse du graphique précédent montre que :
Dans cette partie, nous nous penchons sur le concept de complexité des groupes. Pour cela, deux critères ont été élaborés :
Nous avons classé les groupes en trois classes :
Ces seuils ont été choisis afin d’être alignés avec les seuils européens utilisés par Eurostat[6].
En 2022, 17% des groupes de tête belge sont présents dans plus de 6 pays, la majorité (78%) ne sont présents que dans 2 pays (la Belgique et un seul autre pays). Il apparaît que les groupes de tête belge sont moins dispersés géographiquement que l’ensemble des groupes présents en Belgique.
Si on regarde ces derniers, ceux présents dans 3 à 5 pays sont plus nombreux que ceux présents dans plus de 6 pays. Ce qui montre une facette de la mondialisation dans notre pays.
Nous pouvons également nous intéresser à la complexité économique. Afin d’appréhender cette complexité, nous avons classé les groupes comme suit :
Nous pouvons voir que la majorité des groupes ne sont actifs que dans une ou deux sections.
Nous avons fourni dans ce rapport une image des groupes actifs en Belgique, en faisant la distinction selon qu’ils sont dirigés depuis la Belgique ou non. Les groupes représentent plus de 30% de l’emploi belge. Ceux dirigés depuis la Belgique sont essentiellement implantés dans les pays limitrophes et de manière symétrique, les unités belges contrôlées par des entités étrangères le sont depuis les pays voisins. En terme d’activité, c’est l’industrie manufacturière qui est de loin la plus représentée.
Il est à rappeler qu’il s’agit de statistiques expérimentales, elles présentent par moment quelques ruptures dues à la relative jeunesse des données mais aussi dues à la complexité de leurs élaborations.
Une mise à jour de ces chiffres sera proposée annuellement.
[1] numéro BCE
[2] EGR
[3] Foreign Affiliates Trade Statistics
[5] Association européenne de libre-échange
[6] Eurostat
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