Le défi climatique et le déni de la mort.

Il y a 4 ans, à Miami, j’ai observé, longuement bloqué dans un embouteillage, une scène qui a profondément pénétré ma vision du monde, et m’a sans doute conduit à modifier mes convictions socio-politiques.

Je ne prétendrai jamais connaître les États-Unis. Je n’ai pas passé une vie dans ce pays, même si un quart de sang américain coule dans mes veines, et que j’y ai étudié et travaillé.

Mais il ne fallait pas avoir passé une vie aux Etats-Unis pour être transpercé par la vision, à coté de cet embouteillage, d’un enterrement dans un cimetière, à peine séparé du boulevard par un grillage, situé entre deux fast-foods, un vendeur de pneus, des commerces aux enseignes agressives, et des hurlements de klaxons.

La mort, aux cérémonials parfaitement millimétrés, et la consommation effrénée. La finitude humaine et la rage de consommer avant qu’elle ne frappe. La tristesse silencieuse et le bruit.

Jaques Attali a souvent écrit que ce qui distingue les sociétés, c’est le rapport à la mort. Là, le rapport à la mort était dissous dans le mercantilisme et la fureur de l’économie. La mort était fugace, évanescente. En fait, elle était dérangeante. Même inutile.

Quel est le sentiment qui m’a transpercé ?

Celui que l’économie de marché ne s’embarrasse pas de la mort, dans un système productiviste au sein duquel les humains sont des valeurs fongibles et temporaires. L’important, c’est de produire et de consommer. Donc un décès, c’est une consommation en moins.
Cette situation est commune en entreprise, qui est une éprouvette de la société. Un cancer, un décès émeut une demi-journée, devient ensuite un sujet de discussion, avant d’engager la question du remplacement du malade ou du défunt.

C’est ce qui se passe pour les défis écologiques. Nous n’y accordons pas assez d’importance car nous avons perdu le respect de la mort, et pire encore celui des générations qui nous suivent.

Mots clés

Articles recommandés