À partir de 2023, les employés auront le droit de se déconnecter en dehors des heures de travail: c'est ce que prévoit le nouveau “deal pour l’emploi” du gouvernement fédéral. “Je soutiens fermement ce projet”, déclare Hans De Witte, professeur de psychologie du travail à la KU Leuven.
Avec le droit à la déconnexion, les employeurs ne pourront plus exiger que les employés lisent ou répondent à des e-mails, des textes ou des applis en dehors des heures de travail. Les entreprises privées de 20 salariés ou plus doivent en outre fixer par écrit les règles et les accords sur la manière dont elles appliqueront ce droit. Cela peut se faire par le biais d'une convention collective d'entreprise ou du règlement de travail (dans les deux cas au plus tard le 1er janvier 2023). “Le gouvernement envoie un signal clair: le droit à la déconnexion est essentiel”, estime Hans De Witte. “Il est en effet nécessaire qu’à certains moments, les employés puissent prendre un peu de recul par rapport à leur travail. Ils ont besoin de récupérer afin de sauvegarder leur bien-être physique et mental. Et le droit à la déconnexion joue un rôle majeur à cet égard.”
Selon le professeur, il est préférable pour les entreprises de créer une culture dans laquelle la déconnexion puisse apparaître comme évidente. “Comparez cela à l'interdiction de fumer dans les lieux publics. De nombreux fumeurs et acteurs de l’horeca n'ont pas apprécié cette mesure. Aujourd'hui pourtant, une culture s'est développée où les gens comprennent d'eux-mêmes quand et où il est inapproprié de fumer. J'espère qu'on percevra aussi spontanément quand il n'est plus approprié de se bombarder mutuellement de messages professionnels.”
Qu'en est-il du travail à domicile? Comment les entreprises peuvent-elles garantir que le droit à la déconnexion fonctionne aussi pour les télétravailleurs? “Cette situation complique effectivement les choses”, admet Hans De Witte. “La recherche nous a appris que beaucoup de personnes travaillent davantage lorsqu'elles télétravaillent. Elles s'accordent moins de pauses, remplissent de travail le temps de trajet économisé pour se rendre à l'entreprise et en revenir, et sont également plus susceptibles de travailler plus longtemps.”
Ces adaptations alourdissent la charge de travail et réduisent les possibilités de récupération. Pour ces raisons, Hans De Witte souligne l'importance d'établir des règles claires sur le moment et la manière dont les télétravailleurs doivent s'accorder des pauses, afin qu'eux aussi aient la possibilité de récupérer suffisamment.
“J'espère que le droit à la déconnexion aura un impact positif sur la réduction du stress et le nombre de burn-out. Ces problèmes découlent souvent du fait que l'employeur demande aux collaborateurs de faire plus que ce qu'ils peuvent supporter.” En s'engageant dans des activités autres que le travail, “les gens peuvent restaurer leur niveau d'énergie et recharger leurs batteries mentalement, physiquement et émotionnellement”, conclut l’expert. “En fin de compte, cela profite à la fois aux employés et aux employeurs.”