​Le passage des trentenaires et quarantenaires au pouvoir

Il se passe quelque chose en Belgique et ailleurs.

C’est insensible, presque impalpable, mais l’humeur des temps a changé.

Cette lente rotation, c’est le passage de relais d’une génération à l’autre. En quelques années, ce sont les quadras, et même des trentenaires, qui ont pris les commandes de nombreux leviers de l’économie, y compris les entreprises et la politique.

Bien sûr, on objectera que cette transition générationnelle est continue et ne peut pas correspondre à un moment précis dans le temps.

Et pourtant...

La génération des baby-boomers, qu’on qualifie un peu lapidairement de "boomers", a déjà, pour une grande part, quitté la vie professionnelle. Que restera-t-il de leurs 40 années d’activité ? Indéniablement de très belles choses, à commencer par le fait d’avoir contribué à une accélération de la prospérité collective, de l’innovation et du progrès, sans commune mesure à l’échelle de l’humanité. Mais à quel prix ! La jouissance individualiste, conjuguée à un consumérisme insatiable, a détruit la planète, signé de nombreuses dettes (financières, environnementales, énergétiques), en espérant que le roulement des générations diluerait ces emprunts sur le futur.

Mais quelle erreur. C’est pour cela que les aînés doivent impérativement se mettre au service des causes portées par la jeunesse, dans un esprit de solidarité et de bienveillance.

Et puis, la nouvelle génération, née avec l’euro, internet, la numérisation et désormais confrontée à l’intelligence artificielle, a appris à embrasser le progrès avec des codes et des visions très différents, et surtout, avec moins d’obéissance que celles que la génération d’après-guerre avait dû subir.

Tant de choses ont changé : le rapport à l’altérité, à la mixité culturelle et raciale, aux minorités, au militantisme (car, soyons honnêtes, Mai 68 fut une plaisanterie à l’aune de la civilisation), à l’économie et à l’échange, à l’apprentissage culturel, et à la perception des polarités mondiales.

Et c’est pour cette raison que les tyrans sont, pour la plupart, des hommes blancs qui prônent la réaction.

Finalement, pour cette nouvelle génération, les années quatre-vingt sont englouties dans les tombereaux de l’histoire, tout comme les années trente l’étaient pour ceux nés dans les années soixante.

Cela ramène inlassablement à l’affirmation de Georges Bernanos : "Tous les vingt ans, la jeunesse pose une question à laquelle les aînés n’ont pas de réponse."

Et moi, je crois qu’on devient vieux quand on passe plus de temps à rassembler ses souvenir qu’à aider la jeunesse.​

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