Les belge ont du patrimoine tandis que l'Etat est endetté. Et puis?

Nous sommes le pays d’Europe qui présente la dette publique la plus élevée par habitant, mais aussi le patrimoine privé le plus élevé par habitant. Et ce n’est pas sans risques…


Nous sommes inondés d’articles catastrophistes sur nos déficits publics. Sans réformes structurelles, notre dette publique pourrait atteindre 180% du produit intérieur brut, affirme l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Un scénario à la grecque, donc. Le contraste ne pourrait être plus marquant avec la richesse du Belge moyen.

Le secteur public représente quelque 56% du PIB. Pour financer cet interventionnisme débridé, les ménages ploient sous la pression fiscale la plus lourde d’Europe. Mais la réforme fiscale censée alléger quelque peu cette charge a échoué.

On se tait dans toutes les langues sur la réforme du marché du travail et la lutte contre les inefficacités au sein du secteur public. Enfin, la réforme des pensions est un nouvel exemple de la manière dont un éléphant peut accoucher d’une souris : impossible de la qualifier de véritable réforme.

Nous nous retrouvons ainsi dans le scénario catastrophe décrit par l’OCDE, qui affirme que sans réforme fiscale, des pensions et du marché du travail, la dette publique belge pourrait bientôt culminer à 180% du PIB. C’était le niveau que la Grèce avait atteint lorsqu’elle a été placée sous la curatelle de la troïka – BCE, FMI et Commission européenne – puis obligée de couper dans les pensions (de 500 à 400 euros par mois) et obligée de vendre les bijoux de la couronne (pensez au port du Pirée, vendu aux Chinois alors qu’il avait été financé par la Banque européenne d’investissement). Allons-nous nous retrouver dans une telle situation?

En contraste total avec un Etat au bord de la faillite, il y a les ménages belges. Fin 2021, leur patrimoine était estimé à 121.000 euros par habitant, ce qui positionne le Belge au deuxième rang européen après le Néerlandais (étude Allianz Trade, 2022). Or, cette étude ne tenait pas compte du patrimoine immobilier – soit la valeur des biens immobiliers moins les dettes hypothécaires. Si ce critère avait été inclus dans l’étude, la Belgique aurait encore obtenu un score plus élevé car 72% de Belges sont propriétaires de leur habitation et 850.000 Belges possèdent au moins deux résidences.

Les critiques évoquent une répartition inégalitaire de la richesse. Nous nous sommes plongés dans les chiffres. L’inégalité peut être mesurée par l’indice de Gini. Plus cet indice est bas, plus l’inégalité de revenu est faible. Un indice de zéro signifierait que chacun gagne exactement la même chose. L’indice de Gini de la Belgique s’élève à 24, ce qui fait de nous le deuxième pays le plus égalitaire et redistributeur d’Europe après la Slovénie.

A titre d’illustration, l’Europe affiche un indice moyen de 30, les Etats-Unis de 50. Robin des bois est donc hyperactif en Belgique, qu’il transforme en un véritable paradis social. Ses armes favorites : l’indexation automatique des salaires, des allocations de chômage illimitées dans le temps et une foule d’avantages sociaux…

Mais qui est cet Etat? Eh bien, c’est… nous tous. Notre dette publique record représente en fait 49.000 euros par habitant. Nous sommes ainsi un de pays d’Europe où la dette par habitant est la plus élevée. Si nous nous basons sur l’étude précitée, nous pourrions dire qu’après déduction de la dette publique, le patrimoine moyen du Belge retombe à 72.000 euros.


Pour résumer : nous sommes le pays d’Europe qui présente la dette publique la plus élevée par habitant, mais aussi le patrimoine privé le plus élevé par habitant. Un cocktail extrêmement dangereux pour les responsables politiques qui affirment que le Belge économe doit payer le prix de la prodigalité de l’Etat. Pensons par exemple à la recette – finalement très efficace – du redressement de la Grèce.

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