Les entreprises belges sont de plus en plus nombreuses à vouloir réduire le télétravail

Travailler au moins trois jours au bureau (re)devient la norme

Bruxelles, le 18 mars 2024 – Aux États-Unis, plusieurs grandes entreprises ont déjà annoncé vouloir que leurs travailleurs reviennent plus souvent au bureau dès cette année. Dans notre pays, la tendance semble également avoir débuté. Actuellement, trois travailleurs sur quatre (74 %) travaillent au bureau au moins trois jours par semaine. Alors que 41 % d’entre eux souhaiteraient pouvoir télétravailler plus souvent qu’à l’heure actuelle, 31 % des entreprises aimeraient que les travailleurs retrouvent justement le bureau de manière plus structurée. Dans les plus petites entreprises, où l’obligation de se rendre au bureau a été quelque peu mise de côté ces dernières années, on constate une forte volonté de réduire le télétravail. Une petite PME sur trois (33 %) et quatre PME moyennes sur dix (41 %) souhaitent en effet que davantage de travailleurs soient présents au bureau de manière structurelle.

C’est ce que révèle une étude réalisée par Acerta Consult auprès de plus de 500 entreprises belges quatre ans après le premier confinement dû à l’épidémie de coronavirus. Selon Acerta Consult, « nous sommes arrivés à un point de bascule : l’équilibre entre le télétravail et le travail au bureau devrait être réévalué dans de nombreuses entreprises ».

Trois jours au bureau, deux jours à domicile

Il y a tout juste quatre ans, le premier confinement était décrété à la suite de l’épidémie de coronavirus. Le travail à domicile s’est alors installé dans les entreprises où il pouvait être appliqué directement. Depuis lors, de nombreuses entreprises et leurs travailleurs semblent avoir trouvé un bon équilibre dans ce système de « travail hybride ». Toutefois, certains géants de la technologie aux États-Unis ont récemment annoncé vouloir que les cadres reviennent plus souvent au bureau. Dans notre pays également, certaines grandes entreprises ont imposé cette obligation à leur personnel. Cette tendance vers plus de travail au bureau devrait se poursuivre dans notre pays en 2024, selon une étude menée par Acerta Consult sur les attentes des employeurs et des travailleurs en matière de télétravail.

À ce jour, un peu plus de la moitié des employeurs (53 %) attendent de leurs travailleurs qu’ils soient présents sur leur lieu de travail au moins trois jours par semaine. Ce chiffre s’élevait encore à 57 % l’année dernière. Les PME, en particulier, attendent toujours de leurs travailleurs qu’ils travaillent à domicile plus de la moitié du temps. 44 % des plus petites entreprises (comptant jusqu’à 9 travailleurs) souhaitent que leurs travailleurs viennent au bureau au moins 3 jours par semaine. Les PME un peu plus grandes (comptant jusqu’à 49 travailleurs) ne sont que 41 % à partager ce souhait. Pourtant, dans la pratique, les travailleurs viennent en moyenne plus souvent au bureau que ce qui est officiellement prévu : 74 % se rendent au bureau au moins trois jours par semaine. Près de la moitié des travailleurs (49 %) estiment que travailler au moins trois jours au bureau et le reste en télétravail est idéal.

Illustration 1 : Répartition idéale entre le télétravail et le travail au bureau : enquête Acerta-Indiville menée auprès de plus de 1000 travailleurs en 2024 (à gauche) ; enquête Acerta-Indiville menée auprès des employeurs en 2024 (à droite)

Illustration 1 : Répartition idéale entre le télétravail et le travail au bureau : enquête Acerta-Indiville menée auprès de plus de 1000 travailleurs en 2024 (à gauche) ; enquête Acerta-Indiville menée auprès des employeurs en 2024 (à droite)

Travailleurs et employeurs abondent dans le même sens en ce qui concerne le télétravail

Hortense Mignard, experte juridique chez Acerta Consult, explique : « Nous constatons que les employeurs et les travailleurs partagent une vision parallèle sur le télétravail. Étonnement, les chiffres nous montrent que ce sont surtout les plus petites entreprises, qui comptent moins de 10 travailleurs, qui font l’impasse sur un nombre fixe de jours de travail au bureau : 28 % affirment ne pas imposer d’obligation minimale. Quoi qu’il en soit, cette absence de lieu de travail fixe pour les professions qui permettent et autorisent le télétravail requiert la mise en place d’accords clairs sur la collaboration mutuelle et les moments en équipe. Bien que le télétravail soit aujourd’hui monnaie courante, les responsables doivent continuer d’y prêter une attention particulière. Ils devront par ailleurs veiller à maintenir l’engagement des travailleurs et à conclure des accords clairs en matière de déconnexion. »

Les attentes quant à l’avenir divergent

En ce qui concerne la répartition idéale entre le télétravail et le travail au bureau pour l’avenir, les attentes varient entre les entreprises et leurs travailleurs. Près d’un tiers (30,6 %) des entreprises souhaiteraient réduire le télétravail structurel. Seules 12,7 % d’entre elles souhaiteraient introduire davantage de télétravail et un peu moins de 57 % estiment que l’équilibre actuel est bon. Chez les travailleurs, c’est tout l’inverse : 41 % souhaiteraient travailler davantage à domicile. 54 % se disent satisfaits de la répartition actuelle et seuls 5 % souhaiteraient travailler moins depuis chez eux.

Illustration 2 : Répartition idéale entre le télétravail et le travail au bureau pour l’avenir, enquête Acerta-Indiville menée auprès des employeurs en 2024

Illustration 2 : Répartition idéale entre le télétravail et le travail au bureau pour l’avenir, enquête Acerta-Indiville menée auprès des employeurs en 2024

Le télétravail version 2.0

Hortense Mignard poursuit : « Force est de constater que les employeurs et les travailleurs n’ont plus tout à fait les mêmes attentes en ce qui concerne l’évolution du télétravail. Les 41% des travailleurs qui aimeraient travailler davantage à domicile n’est en effet suivi que par une minorité (13 %) d’employeurs. Si les employeurs et les travailleurs reconnaissent que le travail à domicile a un effet essentiellement positif sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, qu’il constitue un avantage pour attirer les talents et qu’il permet d’éviter les absences pour cause de maladie, les employeurs se demandent de plus en plus si la productivité se maintient au même niveau. Le télétravail exige effectivement une certaine confiance. Les employeurs et les responsables doivent donner à leurs travailleurs suffisamment d’autonomie pour qu’ils puissent organiser eux-mêmes leurs journées de travail. Les employeurs craignent également une baisse d’implication et redoutent que les télétravailleurs se sentent ainsi moins proches de leur entreprise. Il s’agit là d’un véritable défi. Après l’essor soudain qu’a connu le télétravail il y a maintenant quatre ans, il n’est pas surprenant que les politiques des entreprises en matière de télétravail soient réévaluées. La meilleure façon de le faire est de dialoguer et d’adopter une attitude constructive. Une chose est sûre : le travail hybride n’est pas près de disparaître, ne serait-ce que parce que les employeurs le considèrent comme un atout en période de pénurie de main-d’œuvre et parce qu’il contribue à faire d’eux des employeurs durables. »


À propos des chiffres

Les données sont issues de l’enquête miroir annuelle qu’Acerta Consult fait réaliser par le bureau d’enquête Indiville auprès d’un échantillon représentatif composé de plus de 500 employeurs et de 2700 travailleurs. Les données des entreprises ont été pondérées pour être représentatives de la Belgique quant au nombre de travailleurs dans les entreprises actives d’au moins 5 travailleurs. Les données des travailleurs ont également été pondérées afin d’être représentatives de la Belgique en termes de statut, d’âge, de sexe, de langue et de secteur. Les questionnaires ont été remplis entre le 17 et le 31 janvier 2024 par les employeurs et entre le 16 janvier et le 1er février 2024 par les travailleurs. Cette approche permet d’offrir une perspective historique du point de vue des employeurs et des travailleurs.

Dans cette étude, les entreprises moyennes sont définies comme celles comptant entre 50 et 249 travailleurs.

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