Tout le monde connaît les affres du Traité de Munich de 1938, et tant de livres y sont consacrés. Pour ceux qui sont moins familiers avec cet épisode qui précéda la guerre, Hitler voulait annexer les Sudètes de Tchécoslovaquie, qui étaient de culture allemande.
En septembre 1938, quelques mois après l’annexion de l’Autriche (l’Anschluss), quatre personnes se réunirent à Munich sous la direction d’Adolf Hitler. Il y avait son allié de fait, Benito Mussolini, et les premiers ministres anglais et français, respectivement Neville Chamberlain et Édouard Daladier. Ces deux derniers abandonnèrent les Sudètes à Hitler, sans que les représentants de la Tchécoslovaquie (menés par le président Edvard Beneš) ni, paradoxalement, Konrad Henlein, le chef du Parti allemand des Sudètes et pro-nazi, ne soient présents à la table des négociations. Les grandes puissances décidèrent du sort d'un pays sans le consulter.
Après cet accord, le président Edvard Beneš, humilié et privé du soutien occidental, démissionna de la présidence tchécoslovaque en octobre 1938 et partit en exil, d'abord au Royaume-Uni puis aux États-Unis.
Tout le monde rentra chez soi et, quelques mois seulement après Munich, en mars 1939, Hitler envahit toute la Tchécoslovaquie. Puis, en septembre 1939, Hitler envahit la moitié de la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre mondiale.
Édouard Daladier fut acclamé à son retour à l'aéroport du Bourget, encore qu’il aurait dit « les cons » en atterrissant, en se référant à cette foule naïve, tandis que Winston Churchill dit publiquement que Neville Chamberlain croyait avoir gagné la paix dans l’honneur, alors que ce serait la guerre dans le déshonneur.
Aujourd'hui, les Européens, dont le président ukrainien, sont les Sudètes d’hier, tandis que le sort de l’Ukraine sera probablement décidé entre Donald Trump et Vladimir Poutine. En fait, l’Europe n’existe plus diplomatiquement, comme un ancien régime englouti.
Et ce serait intéressant d’entendre ceux qui criaient, il y a deux ans, que ne pas se battre pour l’Ukraine, c’était être des « munichois ». Et de se rappeler les dirigeants européens hurler qu’ils se battraient jusqu’à la victoire finale, en se baladant en treillis militaire à Kiev…