Fin juillet, les États-Unis et l'Union européenne ont conclu un «accord» sur une imposition de 15 % pour toutes les exportations européennes vers les États-Unis. De nombreux observateurs ont immédiatement réagi en affirmant que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'était laissé piéger et que l'Europe avait clairement perdu la guerre commerciale. C'est absurde, et surtout largement hors de propos.
Premièrement, il n'est pas clair ce que l'Europe aurait dû faire pour «gagner» la guerre commerciale. La Suisse a tenté une approche adulte avec le président américain Donald Trump et a eu la surprise de se voir imposer une taxe de 39 %.
L'Inde tente d'être le meilleur ami de Trump depuis sa victoire électorale et a été récompensée la semaine dernière par une taxe de 50 %. La Chine a riposté avec ses propres droits de douane et, après une escalade spectaculaire, a finalement appliqué une taxe de 30 %. Oui, le Royaume-Uni a «obtenu» une taxe de 10 %, mais rares sont ceux qui qualifieront le Royaume-Uni de vainqueur de la guerre commerciale.
Il est plus pertinent de constater que les guerres commerciales ne produisent que des perdants. Une analyse antérieure des droits de douane dans 151 pays entre 1963 et 2014 par le Fonds monétaire international montre que des droits de douane plus élevés entraînent une croissance économique plus faible, surtout dans le pays qui les impose.
De plus, elles entraînent également une baisse de la productivité, une augmentation du chômage, une plus grande inégalité, une inflation plus élevée et une baisse des dépenses des ménages. La guerre commerciale de Trump entraînera de toute façon une baisse de la prospérité mondiale, de sorte qu'il est difficile de parler de gagnants éventuels.
Les États-Unis eux-mêmes seront toutefois les plus grands perdants de la guerre commerciale. Des analyses de droits de douane antérieurs montrent clairement que ceux-ci causent le plus de dommages économiques au pays qui les impose. Ce sont en effet les consommateurs et les entreprises locaux qui devront principalement supporter les droits de douane.
Des analyses de Goldman Sachs indiquent que jusqu'à présent, 80 % des droits de douane ont été répercutés au niveau local. Cela ressort également, entre autres, de la récente révision des prévisions de l'Organisation de coopération et de développement économiques. Selon une mise à jour de ces prévisions en juillet, l'activité économique aux États-Unis serait inférieure de près de 1 % fin 2026 par rapport aux prévisions de janvier.
Il s'agit de la plus forte baisse parmi les principaux pays industrialisés. Dans la zone euro, la baisse reste limitée à 0,2 %. En ce sens, il est judicieux pour l'Europe de limiter autant que possible les droits de rétorsion.
L'Europe peut effectivement sortir gagnante de ce fiasco, mais elle doit d'abord cesser de se concentrer sur Trump. Au sein de l'Europe, il existe un potentiel bien plus important pour faire mieux que de subir les dommages que Trump pourrait nous infliger.
Si la guerre commerciale est enfin le signal d'alarme (longtemps nécessaire) pour renforcer structurellement la propre économie européenne, notamment par le biais d'un véritable marché intérieur avec beaucoup moins d'obstacles, d'un marché unique des capitaux, d'une coopération accrue en matière d'innovation, d'une réduction de la réglementation et des charges administratives, alors l'Europe a tous les moyens de s'en sortir plus forte.
Le fait qu'on n'y travaille pour l'instant que très peu devrait susciter beaucoup plus d'indignation que la question de savoir si nous gagnons ou non la guerre commerciale.