Mes lecteurs le savent bien : je suis très sceptique sur la politique monétaire américaine, et je suis imprégné d’une conviction, que j’espère voir démentie : il y aura un problème avec le dollar. Il est impossible que, dans un monde où les empires se dressent, les États-Unis puissent continuer à imposer leur monnaie et leur dette publique au reste du monde, en vertu d’un privilège exorbitant qui n’est plus compatible avec la politique isolationniste de Donald Trump.
De surcroît, la dette publique américaine n’est plus sous contrôle, et les réductions d’impôts promises par Trump vont l’aggraver. Les États-Unis gagnent du temps, d’autres perdront leur argent, défiant la maxime de Benjamin Franklin qui postule que le temps, c’est de l’argent.
Au reste, Moody’s vient, comme les deux autres agences de notation, de légèrement diminuer la notation de crédit des États-Unis. C’est infime, mais révélateur.
Mais on observe d’autres choses : la Chine n’est plus le second détenteur d’obligations du Trésor américain après le Japon, mais le troisième, derrière le Royaume-Uni. Et le Financial Times indique que la Chine a réduit la maturité des obligations américaines qu’elle détient.
Mais ce n’est pas tout : on sait que la banque centrale américaine est réticente à baisser ses taux d’intérêt et donc, implicitement, à acquérir une part croissante d’obligations du Trésor américain.
Et que se passe-t-il ? Les États-Unis sont sur le point d’alléger leur réglementation bancaire pour permettre aux banques de prendre plus de risques de crédit et d’acheter des obligations d’État.
Cela s’appelle une monétisation de la dette, une situation qui caractérise la fabrication monétaire par un pays au travers de l’activation de sa planche à billets.
Ce sont des indices infimes, mais seuls les signaux fiables de l’histoire monétaire importent.
Et tout cela ne va pas dans le sens d’un renforcement du dollar.
Au grand contraire.