Selon les projections de printemps de la Banque nationale de Belgique, l’économie belge perdra temporairement de son dynamisme. La guerre en Ukraine et les confinements stricts pour lutter contre le coronavirus en Chine ont une nouvelle fois perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales et les prix de plusieurs intrants, parmi lesquels l’énergie, ont fortement augmenté. Le choc énergétique constitue un appauvrissement évident de l’économie belge, qui demeure néanmoins résiliente. La croissance économique devrait rebondir à partir de la fin de l’année, à mesure que les divers obstacles s’estompent.
La guerre en Ukraine et les confinements stricts pour lutter contre le coronavirus en Chine ont une nouvelle fois perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales et les prix de plusieurs intrants, parmi lesquels l’énergie, ont fortement augmenté. Le choc énergétique constitue un appauvrissement évident de l’économie belge, qui demeure néanmoins résiliente. La croissance économique devrait rebondir à partir de la fin de l’année, à mesure que les divers obstacles s’estompent. L’inflation s’est révélée tenace, grimpant même jusqu’à près de 10 % en mai.
Compte tenu de l’allégement attendu des pressions extérieures sur les coûts et de l’absence d’une forte spirale salaires-prix intérieure, l’inflation reculerait progressivement, pour revenir sous la barre des 2 % à l’automne de 2023, même si l’incertitude est plus grande que d’habitude.
Dans l’intervalle, le niveau élevé des prix, par le biais des mécanismes d’indexation, influe aussi lourdement sur les coûts salariaux, lesquels augmenteraient de plus de 14 % d’ici 2024. Cet envol sans précédent des coûts salariaux constitue une menace pour la compétitivité de l’économie belge. Enfin, le déficit budgétaire resterait insoutenable au cours des prochaines années, atteignant, à politique inchangée, 5 % du PIB en 2024. La dette publique est sur une trajectoire ascendante.
L’économie belge, qui s’inscrivait encore en forte croissance au début de cette année, devrait temporairement perdre de son élan. Le stimulus provisoire induit par la réouverture de l’économie au premier trimestre et, avant cela, la suppression des dernières mesures sanitaires restrictives en vigueur ne contrebalancent plus les obstacles, comme la guerre qui a éclaté en Ukraine à la fin de février. Les indicateurs à court terme, s’ils suggèrent un niveau de croissance peu élevé, ne présagent pas de lourde récession à court terme. La croissance économique devrait reprendre à partir de la fin de l’année, à mesure que les différents vents contraires qui pèsent sur l’économie s’atténuent.
Globalement, l’activité économique progresserait encore de quelque 2,4 % en 2022 sur une base annuelle, après la forte expansion de plus de 6 % observée en 2021. Le rythme de croissance se réduirait temporairement en 2023, retombant à 1,5 %, avant de remonter à 2 % en 2024. L’économie belge demeurerait résiliente ; un certain essoufflement est d’ailleurs normal, compte tenu de la vive pression inflationniste, des problèmes d’approvisionnement et des tensions sur le marché du travail. Les chiffres annuels sont quelque peu biaisés par les effets dits de débordement, la croissance ralentissant surtout en 2022 avant de se stabiliser aux alentours de 0,5 % sur une base trimestrielle à partir de la fin de cette année.
Les fortes hausses des prix (de l’énergie) affectent tant le pouvoir d’achat des ménages que la confiance des consommateurs, ce qui pèse sur la consommation des ménages à court terme. À moyen terme, la consommation redeviendrait toutefois le principal moteur de la croissance. Le comportement d’épargne se normaliserait et le pouvoir d’achat ne serait progressivement plus porté par la seule création d’emplois supplémentaires mais le serait aussi, à mesure que les mécanismes d’indexation feront effet, à nouveau par les salaires réels. Le pouvoir d’achat par habitant augmenterait de quelque 3,5 % entre 2022 et 2024 même si, comme l’année dernière, les salaires réels diminueront encore en 2022.
Les investissements des entreprises, qui avaient nettement reculé au second semestre de l’année dernière, vraisemblablement en raison des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, se sont à nouveau inscrits en forte hausse au premier trimestre de 2022. À court terme, la résurgence des goulets d’étranglement du côté de l’offre et l’augmentation des coûts des intrants ne créeront pas un climat propice aux investissements, mais les déterminants fondamentaux de l’investissement resteront favorables à moyen terme.
Le marché du travail s’est révélé robuste durant la pandémie et s’est ensuite fortement redressé. La création d’emplois s’essoufflerait toutefois quelque peu maintenant, dans le sillage du ralentissement de l’activité économique, même si elle demeurerait nettement positive.
L’inflation s’est avérée tenace, atteignant près de 10 % en mai, principalement en raison d’une nouvelle hausse des prix (déjà élevés) de l’énergie. Par le biais des mécanismes d’indexation, les taux d’inflation élevés font à leur tour fortement grimper les coûts salariaux. Ces derniers augmenteraient de pas moins de 14 % d’ici 2024, ce qui constituerait une menace pour notre compétitivité et notre prospérité future, notamment si la progression salariale reste à la traîne dans les pays voisins.
Même si les salaires élevés se répercuteront à leur tour en partie sur les prix, les présentes projections ne tablent pas sur une forte spirale salaires-prix intérieure dans la mesure où les entreprises devraient absorber en partie les hausses des coûts par le biais de leurs marges bénéficiaires, comme elles l’ont déjà fait dans le passé pendant les périodes de vive augmentation des salaires. En outre, il est supposé que la normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement mondiales supprimera les pressions extérieures sur les coûts, tandis que les marchés internationaux anticipent une réduction graduelle des prix de l’énergie. L’inflation devrait dès lors peu à peu diminuer et retomber sous la barre des 2 % à partir de l’automne de 2023, même si l’incertitude est plus grande que d’habitude.
Les conséquences économiques et humanitaires de la guerre pèsent également sur les finances publiques. Les mesures de soutien du pouvoir d’achat prises par les divers gouvernements en réponse au renchérissement de l’énergie alourdiront le déficit budgétaire en 2022, mais il est surtout important de noter que ce dernier restera très élevé au cours des prochaines années. Selon nos projections, en l’absence de nouvelles mesures, le déficit budgétaire atteindrait près de 5 % du PIB en 2024. En outre, le ratio de la dette se trouve sur une trajectoire ascendante.
Ces prévisions restent donc entachées d’une grande incertitude. Des événements géopolitiques imprévus peuvent (continuer d’) avoir une incidence importante sur les prévisions tant de croissance que d’inflation. C’est d’ailleurs ce que révèle un scénario défavorable établi par les institutions de l’Eurosystème : la croissance dans la zone euro chuterait nettement plus fortement (devenant négative l’année prochaine), tandis que l’inflation grimperait sensiblement. La diminution de l’inflation belge prévue par les présentes projections suppose un allégement des pressions extérieures sur les coûts (chaînes d’approvisionnement, prix de l’énergie) et l’absence d’une spirale salaires-prix intérieure.
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Source : BNB, 13 juin 2022