La Belgique compte actuellement un demi-million de malades longue durée et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Les PME ne sont pas non plus à l’abri de cette évolution préoccupante. En effet, près de 30 % des entreprises de moins de 20 travailleurs sont confrontées à des travailleurs absents pendant un mois ou plus pour cause de maladie ou d'accident privé. C'est ce que révèle une étude réalisée par Securex, partenaire en matière d'emploi et d'entrepreneuriat.
Les résultats soulignent la nécessité d'une prévention ciblée et d'une approche active de la réintégration, y compris au sein des PME, dans un paysage économique où 90 % des entreprises comptent moins de 20 travailleurs.
L'étude de Securex révèle qu’en 2022, 27,8 % des employeurs comptant 20 travailleurs ou moins employaient des personnes absentes pendant plus d'un mois pour cause de maladie ou d'accident privé. En outre, l'analyse montre que 16,8 % des entreprises comptant jusqu'à quatre travailleurs ont au moins un travailleur absent pendant plus d'un mois. Cela signifie que, au cours de cette période, elles sont donc privées d’au moins un quart de leur effectif. Parmi les entreprises de 5 à 9 ou de 10 à 19 travailleurs, respectivement 56,1 % et 77,6 % d’entre elles ont au moins un travailleur absent pendant plus d'un mois pour cause de maladie ou d'accident privé.
D’après cette étude, 42 % des travailleurs absents pendant plus d'un mois pour cause de maladie ne reprennent pas leur travail dans l'année qui suit. En Belgique, une entreprise sur dix comptant jusqu'à 20 travailleurs (9,71 %) a au moins un travailleur absent pendant plus d'un an. Une précédente étude de Securex2 a également montré que, lorsque les travailleurs des petites entreprises s’absentent pour cause de maladie, ils le sont en moyenne pour une période plus longue que dans les grandes entreprises.
Parmi les employeurs de moins de cinq travailleurs, un sur vingt (4,7%) emploie un travailleur absent depuis plus d'un an. Dans les PME de cinq à neuf travailleurs, cette proportion atteint 20,8 %. Dans les entreprises de 10 à 19 travailleurs, ce pourcentage atteint même 35,4 %.
Heidi Verlinden, Research Project Manager chez Securex : « Il est important de préciser que ces chiffres ne tiennent même pas compte des absences dues aux accidents de travail. Plus d'un tiers des absences dues à des maladies de moyenne et longue durée sont causées par des problèmes psychosociaux tels que le stress, le burn-out ou des comportements transgressifs. Un autre tiers est dû à des problèmes musculaires et articulaires, tels que les douleurs au dos et au cou. Ce sont des causes pour lesquelles même les petites entreprises peuvent investir considérablement dans la prévention de l'absentéisme pour cause de maladie, en fonction de leur environnement de travail et de leur secteur d'activité. »
En investissant au maximum dans la prévention, les employeurs peuvent identifier et traiter les potentielles causes d'absentéisme avant qu'elles ne se manifestent. Les employeurs peuvent mettre des outils à disposition de leurs travailleurs et communiquer à leur sujet en interne. Les petites entreprises peuvent, par le biais d’un service externe pour la prévention et la protection au travail, faciliter le contact avec un médecin du travail ou un conseiller en prévention et accompagner le travailleur et son supérieur hiérarchique dans son retour au travail. Le travailleur bénéficie d’un accompagnement pour trouver un bon équilibre, maintenir sa santé et son rétablissement, gérer le stress et améliorer sa communication. Le superviseur et le chef d'entreprise peuvent également bénéficier d'un coaching ou d'une formation sur la manière de gérer correctement les absences, de maintenir un contact approprié avec les travailleurs, de faciliter leur reprise du travail et de les informer quant aux options possibles.
Même au sein des petites entreprises, il est possible d'investir dans un travail maniable. Cela commence par l'instauration d'une culture de confiance dans laquelle les besoins et les limites des travailleurs peuvent être discutés ouvertement, et ce, de manière constructive. Ensuite, l’accent peut être mis sur la personnalisation du travail, notamment en ce qui concerne le contenu de la fonction, le lieu de travail, les horaires de travail et la rémunération sur mesure via un plan cafétéria. De plus, il est essentiel de donner la priorité à un leadership de soutien3 au sein de l'organisation, ce qui profite à tous les travailleurs, présents et absents.
La confiance et le dialogue sont importants pour une réintégration réussie du travailleur. Le temps joue un rôle crucial, car la probabilité d'un retour diminue au fur et à mesure que l'absence se prolonge. Maintenir un contact approprié avec les travailleurs absents est essentiel afin d'entretenir la relation et d'envisager l'avenir ensemble. Cependant, cela doit toujours se faire avec l'accord des deux parties et sans pression. Une communication claire et accessible de l'employeur sur la réintégration fait toute la différence. En effet, des précédentes études menées par Securex4 ont montré que le stress des travailleurs concernant la partie administrative de la réintégration est aussi souvent un obstacle à un retour (rapide).
Jacqueline Jost, Experte en bien-être psychosocial chez Securex : « L'objectif devrait être d'avoir un dialogue ouvert avec le travailleur, même pendant son congé maladie, et discuter ensemble des ajustements possibles dans l'environnement de travail. Cela peut considérablement réduire les obstacles d'un retour rapide et durable. En collaboration avec le travailleur, vous pouvez envisager d'éventuels ajustements de poste, temporaires ou non, et/ou une reprise progressive du travail et d'horaires flexibles. Bien que ces arrangements puissent représenter un défi pour les petites entreprises, elles sont cruciales pour permettre aux travailleurs de reprendre le travail de manière saine et productive. »
À propos de l'étude
Les chiffres de cette étude sont basés sur les données d'absence enregistrées en 2022 par les employeurs du portefeuille de clients du secrétariat social de Securex. Les chiffres concernent le nombre d'employeurs ayant au moins un travailleur absent pour cause de maladie ou d'accident privé depuis au moins un mois au cours de l'année civile 2022. L'échantillon se compose de 20 171 travailleurs du secteur privé belge comptant moins de 20 travailleurs au dernier trimestre 2022. L'échantillon est représentatif de la taille des entreprises. Cela signifie que la répartition de l'échantillon entre les trois catégories (1-4 travailleurs, 5-9 travailleurs et 10-19 travailleurs) est similaire à la répartition du marché de travail belge selon les chiffres nationaux de l'ONSS.
1 90,72 % : https://onss.be/stats/analyse-du-marche-de-lemploi-donnees-trimestrielles-detaillees
3« Seul un cadre sur trois a un style qui permet de prévenir le burn-out »
4Focus rapport werkhervatting: "Onbenut potentieel voor werkhervatting na ziekte"
Image: freepikn Drazen Zigic