Les économistes sont des esprits chagrins. Ils ne s’étourdissent pas dans les maelströms médiatiques politiques et ils vérifient ce qu’ils disent.
Ce sont donc des pisse-vinaigre.
Vous souvenez-vous qu’il y a quelques semaines, on nous expliquait qu’il fallait impérativement former un gouvernement pour éviter un scénario à la grecque ? Un désastre absolu et eschatologique : l’écroulement du Royaume, sa mise sous tutelle par le FMI, le contrôle de ses banques, la banqueroute, etc. La Belgique aurait été traînée aux gémonies.
Mais en vérité, il existe un moyen objectif de mesurer la crédibilité financière d’un pays : son spread de crédit.
Par convention admise de tous, on prend le taux d’intérêt des obligations d’État belge à 10 ans, on en soustrait celui de l’Allemagne (considérée comme l’étalon financier, car elle est le pays le plus solvable), et la différence mesure le surcoût que doit payer la Belgique pour emprunter.
Si les marchés financiers perdent confiance, le spread augmente. S’ils sont rassurés, c’est l’effet inverse.
On aurait donc pu penser que l’absence de gouvernement, qui devait nous précipiter dans les enfers grecs, allait faire bondir le spread et que la conclusion d’un accord gouvernemental allait rassurer les investisseurs, entraînant une baisse du spread.
Eh bien, non. AUCUNEMENT.
Regardez le graphique ci-dessous, en particulier la partie basse. Le spread n’a quasiment pas bougé.
Cela signifie que ce scénario catastrophe était une invention. Pire encore, la formation du gouvernement n’a pas été perçue comme une diminution du risque.
La Belgique reste un excellent et crédible débiteur. Il est bon de le rappeler.
Ne serait-ce que par charité pour les Grecs.