En 1925, le Royaume-Uni, sous l’impulsion du chancelier de l’Échiquier Winston Churchill, prit la décision cruciale de rétablir la convertibilité de la livre sterling en or, une mesure officialisée par le « Gold Standard Act » de la même année. Cette initiative visait à restaurer la stabilité monétaire d’avant-guerre et à réaffirmer la position de Londres en tant que centre financier mondial.
Cependant, le contexte économique avait profondément changé depuis la Première Guerre mondiale. Les coûts exorbitants du conflit avaient affaibli l’économie britannique, entraînant une inflation significative et une dette nationale accrue. Malgré ces défis, le gouvernement choisit de rétablir la parité or de la livre au niveau d’avant-guerre, soit 4,86 dollars pour une livre, sans ajustement pour l’inflation ou la dépréciation monétaire survenues pendant et après la guerre.
Cette décision eut des conséquences économiques catastrophiques. La surévaluation de la livre rendit les exportations britanniques moins compétitives, exacerbant le déficit commercial et entraînant une contraction industrielle. De plus, pour maintenir la parité or, le gouvernement adopta des politiques monétaires restrictives, augmentant les taux d’intérêt et réduisant la masse monétaire, ce qui freina la croissance économique et accentua le chômage.
Les effets sociaux furent également dramatiques. La hausse du chômage et la baisse des salaires provoquèrent des tensions sociales, culminant avec la grève générale de 1926, où les travailleurs protestèrent contre les conditions économiques défavorables. La politique de retour à l’étalon-or, bien qu’animée par des intentions de stabilité, contribua à une décennie de difficultés économiques et sociales pour le Royaume-Uni.
Dans les ouvrages d’économie, la décision de Churchill est souvent critiquée pour son manque de pragmatisme économique, illustrant les dangers d’une politique monétaire rigide déconnectée des réalités économiques contemporaines. Ce retour à l’étalon-or, loin de renforcer l’économie britannique, accentua ses vulnérabilités, menant finalement à l’abandon définitif de l’étalon-or au début des années 1930. Mais d’autres firent les mêmes erreurs, dans le sillage de la crise de 1929, comme le président Hoover aux États-Unis, le chancelier Brüning en Allemagne et, en 1935, le président du conseil Pierre Laval (qui fut fusillé en 1945), qui échafauda une déflation contribuant certainement à l’avènement du Front populaire en 1936.
Je crois qu’à cette époque, il était convenu que la monnaie devait moraliser l’économie. Les Allemands font toujours cette erreur. Les États-Unis ne la firent plus jamais, d’où la décision de mettre en marche les rotatives à billets lors de la crise de 2008.