Capacité d’adaptation: la compétence clé que recherchent les employeurs, encore sous-évaluée et peu mesurée

Quelle sera la compétence la plus importante sur le marché de l’emploi en 2025 ? La capacité d’adaptation, bien sûr. Neuf entreprises sur dix indiquent en effet que la capacité d’adaptation des travailleurs aux nouvelles situations et aux nouveaux outils n’a cessé de gagner en importance dans leur organisation au cours des dernières années. Et elles la jugent importante non pas tant en raison de l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA) qu’en raison des pénuries de main-d’œuvre et de l’inadéquation du marché de l’emploi, qui exigent que les travailleurs soient à même d’évoluer vers de nouvelles fonctions.

C’est ce que révèle l’enquête menée par les experts en HR d’Acerta Consult auprès de quelque 500 entreprises belges.

« La prochaine étape pour les entreprises consistera à mesurer et à améliorer également la flexibilité (soft skill) de leurs équipes et de leurs travailleurs », selon Acerta Consult.

La​ capacité d’adaptation gagne en importance

« Je suis dynamique, motivé et j’ai l’esprit d’équipe » : ce ne sont là que quelques-uns des clichés qu’utilisent généralement les candidats pour tenter de convaincre les employeurs de les embaucher. Ces soft skills, bien qu’elles soient souvent citées, ont été quelque peu reléguées au second plan ces dernières années.

Selon la nouvelle enquête d’Acerta Consult, la compétence professionnelle du moment n’est autre que la capacité d’adaptation aux nouvelles situations et aux nouveaux outils.

Près de neuf entreprises sur dix affirment que la capacité d’adaptation a en effet gagné en importance au sein de leur organisation au cours des dernières années. Elles considèrent qu’il est essentiel que les travailleurs soient en mesure de s’adapter, et ce, pour maintes raisons, les trois principales étant l’étroitesse et l’inadéquation du marché de l’emploi, l’évolution rapide des besoins des clients et l’importance de se développer en tant qu’organisation dans un environnement concurrentiel. Lors d’une enquête réalisée conjointement par Acerta Consult et l’Antwerp Management School il y a quatre ans, seules deux entreprises sur trois avaient affirmé accorder de l’importance à la capacité d’adaptation de leurs travailleurs.

Miriam Garando, Senior Consultant chez Acerta Consult, indique : « Il y a quatre ans, l’importance accordée à la capacité d’adaptation à un nouveau contexte professionnel était déjà particulièrement élevée. En réalité, nous savons pertinemment qu’elle l’est depuis bien plus longtemps. En 1985, Bennis et Manus ont introduit le terme “VUCA”, qui désigne en anglais “volatile, incertain, complexe et ambigu”. L’armée américaine a ensuite utilisé ce terme pour décrire le monde complexe de l’après-guerre froide. Depuis, il est devenu un mot très usité dans le monde des affaires. D’après notre dernière enquête, cette importance est encore plus prononcée aujourd’hui. Nous pourrions d’ailleurs penser que c’est l’IA qui en est la principale raison, mais seules 6 % des personnes interrogées ont cité l’évolution fulgurante de l’IA comme raison pour laquelle les travailleurs doivent s’adapter rapidement aux changements qui surviennent sur leur lieu de travail. En effet, nous observons qu’il s’agit plutôt d’un ensemble de conditions diverses qui accroissent le besoin de capacité d’adaptation. »

Seul un employeur sur dix mesure la capacité d’adaptation

Bien que la majorité des employeurs évaluent déjà positivement la capacité d’adaptation de leurs collaborateurs (60 % d’entre eux leur attribuent une note de 7/10, voire plus, à cet égard), de nombreuses entreprises ne mesurent pas encore cette soft skill. Seul un employeur sur dix teste aujourd’hui la capacité de ses travailleurs à s’adapter aux changements sur leur lieu de travail. En ce qui concerne les candidats, les employeurs ont déjà une approche un peu plus approfondie. 66 % affirment évaluer la capacité d’adaptation des candidats lors de leur entretien de sélection, et 27 % d’entre eux prévoient de le faire à l’avenir​​. Près de quatre employeurs sur dix (38 %​)​ incluent la capacité d’adaptation comme critère dans leurs offres d’emploi, et 44 % souhaitent leur emboîter le pas à l’avenir. Enfin, seule une minorité (33 %​)​ teste effectivement la capacité d’adaptation par le biais d’un assessment center, et un autre tiers souhaiterait le faire à l’avenir.

Miriam Garando d’Acerta Consult ajoute : « Les équipes à même de s’adapter rapidement présentent un grand avantage, pour autant qu’elles soient bien préparées aux changements et à leur mise en œuvre. Parallèlement, combiner durablement ces changements dans les bons domaines et les asseoir solidement au sein de l’organisation est indispensable. Rien d’étonnant, donc, qu’une attention accrue soit portée à la capacité d’adaptation dans le milieu professionnel. Les organisations doivent avant tout veiller à la manière dont elles s’y prennent : tout d’abord, il est important de bien comprendre la capacité d’adaptation dans toutes ses dimensions. Les idées reçues sur la nature exacte de cette compétence et sur la manière de la développer sont encore trop nombreuses. La comprendre est donc un excellent point de départ pour guider les collaborateurs et les équipes dans ce domaine. Un outil scientifique permettant de mesurer de manière raisonnée la capacité d’adaptation dans toute sa complexité a d’ailleurs vu le jour il y a peu. La capacité d’adaptation est en effet un concept multidimensionnel et certains leviers, tels que l’autorégulation, permettent également de la renforcer. Cet outil devrait bientôt être utilisé davantage par les entreprises. »


Illustration 1 : Mesurer la capacité d’adaptation des travailleurs et des candidats – Enquête de panel Acerta

La capacité d’adaptation peut être développée

Évaluer la capacité d’adaptation de vos travailleurs est une première étape, mais est-il vraiment possible de la développer et de l’améliorer ? La majorité des employeurs interrogés le pensent en effet : 44 % affirment avoir mis en place diverses formations visant à accroître la capacité d’adaptation des collaborateurs, et 48 % prévoient de le faire. Les employeurs reconnaissent également l’importance d’adopter une communication claire sur les changements et les attentes (67 %), de fournir un soutien correct depuis la direction (58 %) et d’encourager une vision positive du changement (44 %).


Illustration 2 : Formation en matière de changement et de capacité d’adaptation – Enquête de panel Acerta

À propos des chiffres

Cette analyse est fondée sur les résultats d’une enquête de panel menée auprès des employeurs sur l’importance de la capacité d’adaptation pour les organisations et les collaborateurs.

Le panel d’Acerta est composé de 479 membres triés sur le volet dans de petites, moyennes et grandes entreprises issues de différents secteurs et réparties dans tout le pays. Nous pouvons donc considérer que ce panel est représentatif du marché du travail du secteur privé en Belgique.

L’enquête sur laquelle se base cette analyse s’est déroulée du 18 juin 2024 au 19 juillet 2024. Au total, 450 personnes y ont participé. Les personnes interrogées exerçaient les fonctions suivantes : CEO, directeur RH, HR business partner, manager RH ou responsable payroll.


Mots clés

Articles recommandés

Étudiants en 2025 : combien d'heures de travail sont autorisées ?

Les bonus des travailleurs augmentent plus rapidement que l’indice ...

Toujours plus de PME actives dans notre pays : la grande majorité sont des microentreprises