Les pénuries de poches de sang posent des défis majeurs pour le secteur médical. Selon les experts médicaux, il est bien connu que les vacances entraînent souvent une baisse des prélèvements et des dons. La Croix-Rouge espère atteindre plus de 5 600 poches de sang en stock d'ici la fin du mois de juin, avant les vacances d'été, mais cet objectif semble encore loin d’être atteint.
Laurence Phillipe, Legal Expert chez Partena Professional, répond aux questions qui accompagnent pratiquement ce geste solidaire.
Encourager oui, rémunérer non. La législation belge permet aux employeurs de maintenir la rémunération de leurs travailleurs pendant le temps nécessaire au don ainsi qu'au déplacement occasionné. « Il est conseillé alors de bien préciser les modalités (fréquence, durée maximale, attestation nécessaire, …) dans votre règlement de travail » précise Laurence Phillipe, Legal Expert chez Partena Professional.
Mais il ne faut pas oublier que le don de sang est un acte volontaire et bénévole. Un employeur ne peut donc pas octroyer de rémunération ou de congé supplémentaire pour un don de sang.
La réponse sera différente si vous travaillez dans le secteur public ou privé.
Dans le secteur public, les fonctionnaires, les contractuels, les stagiaires et les mandataires peuvent s'absenter du travail pour donner leur sang à condition que leur absence soit limitée au temps nécessaire pour effectuer le don et le déplacement (plafonné à deux heures). Si ces conditions sont respectées, ils peuvent s’absenter tout en conservant leur rémunération.
Dans le secteur privé, il n'existe ni petit chômage, ni congé pour raisons impérieuses lorsqu'un travailleur donne son sang. Auparavant, certains secteurs prévoyaient la possibilité de s'absenter avec maintien de la rémunération mais désormais, seule la commission paritaire du gaz et de l'électricité (CP 326) prévoit une demi-journée d'absence autorisée rémunérée pour le don de plasma ou de plaquettes et ce, maximum deux fois par an.
« Un employeur qui ne fait pas partie de ce secteur n’a donc aucune obligation de permettre à ses travailleurs de s'absenter pour donner leur sang, ni de les rémunérer » poursuit Laurence Phillipe.
Toutefois, le télétravail offre la flexibilité de se rendre plus facilement à une collecte de sang près de chez eux sans devoir pour autant prendre congé pour cela.
« La réponse est oui ! » répond notre Legal Expert, « et c’est une belle idée car les travailleurs auront la possibilité de donner leur sang facilement et sans perte de temps dans des déplacements. Si un grand nombre de travailleurs donne son sang le même jour, la collecte peut s'avérer très efficace ».
Il faut tout de même noter deux conditions essentielles :
Les associations qui organisent les dons de sang ont besoin d'un espace suffisamment grand qui peut être compartimenté. Il faut pouvoir organiser les différentes zones : accueil, examen médical, zone de repos, etc., et tout cela dans un lieu facile d’accès, ventilé et propre bien évidemment.
Le nombre de participants doit être suffisamment élevé pour justifier l’organisation d’une collecte. A titre d’exemple, la Croix-Rouge de Belgique impose un minimum de 40 donneurs.
Il est important également de ne pas collecter d'informations médicales sur vos travailleurs lors de la collecte de sang. Ces données sont sensibles et protégées par le RGPD. Si vous souhaitez évaluer l'intérêt de vos travailleurs pour la collecte de sang, assurez-vous de bien protéger les données recueillies en les anonymisant.