Stratégie monétaire de la BCE : comment naviguer entre inflation et croissance?

​​Autrefois, différentes théories circulaient au sujet des taux d’intérêt, avec l’idée que les banques centrales contrôlaient les taux d’intérêt à moins d’un an (notamment dans le cadre de la liquidité des banques dont elles assuraient la tutelle prudentielle) et que les taux de plus d’un an étaient déterminés par le marché selon l’offre et la demande de capitaux, dont le taux d’intérêt est le prix.

Mais cela, c’était avant. Avant l’euro, notamment, où la Banque centrale européenne (BCE) s’est vue confier la charge de contrôler l’inflation qui, avant son intervention, dépendait souvent d’autorisations publiques.

La BCE, comme d’autres banques centrales, a pris une norme de 2 % comme cible d’inflation tolérable. En d’autres termes, si l’inflation décolle, il faut que la BCE intervienne. Incidemment, d’où viennent ces 2 % ? Cette cible a été adoptée par plusieurs banques centrales dans les années 1990, bien que son origine précise (et peut—être néo-zélandaise) soit débattue.

Et, comme les Allemands restent apparemment traumatisés par l’hyperinflation de 1924, ils veulent une monnaie désinflationniste et donc récessionnaire. On imagine la difficulté de la tâche de la BCE. Par exemple, lorsque les prix de l’énergie ont flambé en 2022, la BCE a dû augmenter ses taux d’intérêt pour contrer une inflation de nature importée, sans pouvoir tenir compte des effets collatéraux, comme les difficultés des entreprises et des particuliers à emprunter. On en finit par combattre une inflation au détriment de la croissance.

Et puis, c’était avant que les banques centrales commencent à refinancer des États surendettés à la suite des rafales de crises : subprimes, dettes souveraines et Covid. Les banques centrales ont eu raison de procéder à ce refinancement pour éviter un assèchement du crédit.

Mais les banques centrales sont devenues des opérateurs de marché à part entière et doivent donc piloter les taux d’intérêt dans une obscure alchimie d’indicateurs économiques, mais aussi d’intuitions, et tout cela dans un contexte international au sein duquel les taux d’intérêt influencent les cours de change.

Alors, que penser de tout cela ?

Que la BCE va devoir continuer à baisser fortement ses taux d’intérêt, parce que l’inflation est sous contrôle, mais surtout parce que l’endettement public va inéluctablement augmenter sous la pression du financement du vieillissement de la population ! Cela conduira à un euro encore plus faible, mais peut-être utile pour contrer les taxes à l’importation prévues par l’administration Trump. Et la véritable difficulté, c’est que l’indépendance des banques centrales sera mise à l’épreuve, puisqu’on observera certainement que la Federal Reserve soit mise sous le contrôle de la Maison-Blanche.

Mots clés

Articles recommandés

L’Europe est-ele devenue malade de son État providence?

​L’indéchiffrable équation économique de Donald Trump

AMLCO Day 2023 : ne manquez pas de consulter les supports des exposés particulièrement pertinents …