​Travail et capital ou quand l’économiste Marx avait vu clair

La mondialisation du commerce ne s’effectue pas selon les mêmes modalités pour le capital et le travail. Dès le moment où le capital est extrait du travail (Karl Marx le définissait comme un quantum de travail), il devient mobile et fluide. Le travail, en revanche, reste conditionné par des contraintes spatio-temporelles qui en limitent la mobilité. Selon Karl Marx, la valeur d’échange de la force de travail a, pour le capitaliste, à la fois une valeur d’usage et une valeur d’échange.​

Dans une économie mondialisée, le travail transportable est attribué au « moins-disant » salarial et social. Cela entraîne des phénomènes de délocalisation dont le rythme est conditionné par les capacités d’exportation et d’importation des biens et services. Le travail perd son ancrage local : il est déterritorialisé. Cette déterritorialisation entraîne évidemment le déracinement social.

Le différentiel de mobilité du capital et du travail explique la subordination du second au premier. La mondialisation, c’est la mutation d’une économie de services vers les réseaux de la connaissance digitale. Dans cet environnement, l’invention et le progrès sont fluides géographiquement. Dans le secteur tertiaire, qui emploie la majorité des populations occidentales, la société de la connaissance, fondée sur Internet, est un relais à la mobilité réduite des hommes.

Et aujourd’hui, cette déterritorialisation du travail est exacerbée par l’intelligence artificielle, dont les concepteurs sont, à tout le moins pour le monde occidental, américains. Et c’est ainsi que l’Europe est perdue entre la révolution digitale américaine et les formidables puissances industrielles chinoises.

C’est d’ailleurs ce qui avait conduit Karl Marx et Friedrich Engels (1820-1895) à conclure leur Manifeste du Parti Communiste de 1848 par le fameux « Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! », constatant que la loi des avantages comparatifs de David Ricardo (1772-1823) conduisait à la fragilisation du pouvoir de négociation de la rémunération du travail.

Aujourd’hui, Karl Marx parlerait peut-être de tous les prolétaires et écologistes.

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