Travailler par des températures estivales : que savoir?

Cette semaine et pour la première fois de l’année, les températures semblent atteindre des valeurs estivales. Des perspectives réjouissantes, mais pas forcément des plus agréables sur le lieu de travail. Les employeurs sont donc légalement tenus de fournir des boissons fraîches et des équipements de protection pour les collaborateurs directement exposés au soleil. « Au bureau, ne vous contentez pas d’utiliser la climatisation. Ouvrez aussi régulièrement les portes et les fenêtres afin de préserver la qualité de l’air », conseille Roger Collier, expert en hygiène du travail au sein du service externe de prévention Liantis.


À partir de quelle température peut-on dire qu’il fait trop chaud ?

Les températures augmenteront à nouveau dans les prochains jours. Le nombre de degrés sur le thermomètre n’est toutefois pas le seul élément indiquant si un employeur doit prendre des mesures sur le lieu de travail. Le type de travail et l’indice WBGT permettent de déterminer avec exactitude quand une entreprise ou une organisation doit agir. L’indice WBGT est un indice de contrainte thermique qui ne peut pas être mesuré avec un thermomètre ordinaire, mais qui peut l’être avec un thermomètre à bulbe humide. Ce dispositif tient également compte de l’humidité, du rayonnement thermique et de la vitesse de l’air. « Le moment à partir duquel l’employeur doit prendre des mesures dépend du type de travail et de la pénibilité du travail physique. Pour un travail peu contraignant physiquement, par exemple un travail de bureau, le maximum est de 29 sur l’indice WBGT. En revanche, pour un travail très pénible, le maximum se situe déjà à 18 », explique Roger Collier de Liantis.


Prise de mesures par les employeurs

La législation laisse essentiellement le libre choix aux employeurs quant aux mesures concrètes à prendre en cas de températures élevées sur le lieu de travail. Ils ont donc toute la latitude pour choisir les mesures les mieux adaptées à l’entreprise ou à l’organisation, et ainsi être très créatifs à cet égard. « Ils peuvent par exemple prévoir des pauses supplémentaires, adapter les horaires de travail (commencer plus tôt et terminer plus tôt), prévoir des casquettes et de la crème solaire. La loi impose toutefois de mettre des boissons fraîches à la disposition des collaborateurs et de fournir du matériel de protection aux travailleurs exposés directement aux rayons du soleil en cas de températures extrêmes », précise Roger Collier.


L’air conditionné fait débat

Au bureau, la température fait souvent l’objet de discussions : il fait toujours trop froid pour certains collaborateurs et trop chaud pour d’autres. « Il existe des modèles et des formules scientifiques qui peuvent aider à résoudre ce problème, car le confort sur le lieu de travail est souvent un concept très personnel », explique Roger Collier de Liantis. « Au cours de ces simulations, basées sur de multiples facteurs, tels que le rayonnement, la température, les courants d’air, les efforts physiques, les vêtements, etc., nous tentons de déterminer quelle température est perçue comme agréable par une majorité de personnes. Parfois, il faut faire des compromis. Par exemple, dans un hôpital, les patients – qui restent allongés – et les infirmières – qui doivent parfois fournir des efforts physiques considérables – se retrouvent souvent dans une même pièce. Ils sont donc dans une situation qui ne peut pas être optimale pour tout le monde, mais qui peut être acceptable pour tous.


Ventilation : un élément crucial

Il est intéressant de noter que Roger Collier recommande dans tous les cas d’aérer et de ne pas se contenter d’utiliser l’air conditionné. « La réglementation actuelle en matière de ventilation prévoit qu’il est important d’apporter une quantité suffisante d’oxygène dans les locaux et que les employeurs doivent viser un niveau de CO2 inférieur à 900 ppm. Les appareils dont nous nous sommes servis pendant la crise du coronavirus permettent de mesurer ces niveaux. L’utilisation de l’air conditionné en combinaison avec un système de ventilation n’est en revanche pas problématique. Fait frappant : de nombreuses personnes souhaitent bien aérer en hiver pour être moins susceptibles d’attraper maladies à l’intérieur, mais en été, elles n’ont aucun problème à fermer toutes les fenêtres et les moindres ouvertures au maximum. En été, des locaux mal ventilés peuvent tout aussi bien avoir pour conséquence que les travailleurs doivent s'absenter pour cause de maladie. À l’avenir, la ventilation deviendra d’ailleurs de plus en plus essentielle. Une législation prévoit déjà qu’il sera obligatoire de mesurer le taux de CO2 dans tous les espaces publics.


Une attention particulière pour les travailleurs vulnérables

Certains collaborateurs ressentent plus que d’autres l’impact de la chaleur, par exemple les travailleurs en moins bonne condition physique, ceux qui souffrent de troubles respiratoires chroniques ou qui ont des problèmes cardiaques, les personnes qui prennent des médicaments, les travailleurs plus âgés et les femmes enceintes. « Il est essentiel d’accorder une attention particulière aux collaborateurs vulnérables. En tant qu’employeur, vous pouvez même prendre des mesures spécifiques pour eux. Si vous constatez qu’un collaborateur a des difficultés à travailler en raison de la chaleur, veillez à engager le dialogue avec lui, éventuellement par l’intermédiaire d’un médecin du travail, afin de lui proposer un travail adapté », explique Roger Collier.

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