
Les réformes fiscales annoncées et les débats autour de la future taxation des plus-values replacent les évaluations, les réorganisations sociétaires et la qualité de l’information financière au cœur du rôle des experts du chiffre.
Lors du Tax TV Show du 17 décembre 2025, Christophe Remon a livré une lecture structurée et pragmatique des évolutions récentes, en croisant droit des sociétés, normes professionnelles et positions doctrinales de l’ICCI.
Au-delà des textes, une même question traverse l’ensemble des sujets abordés : jusqu’où va la responsabilité technique et déontologique de l’expert dans un environnement fiscal et juridique de plus en plus exigeant ?
Le législateur souhaite voir émerger une note technique commune IRE–ITAA, traduisant une volonté claire d’harmonisation des pratiques. Plusieurs balises ressortent avec netteté :
Au-delà de la technique, l’accent est mis sur les fondements déontologiques :
La valorisation cesse ainsi d’être un simple exercice chiffré : elle devient une mission à haut risque, tant sur le plan fiscal que disciplinaire.
Avant la réforme, les scissions et fusions dites « silencieuses » posaient une difficulté majeure :
le transfert d’immeubles pouvait entraîner des droits d’enregistrement jusqu’à 12,5 %, l’exonération étant historiquement conditionnée à l’émission d’actions nouvelles.
La loi est venue lever cette insécurité en élargissant clairement le régime d’exonération :
Un point clé mérite l’attention des praticiens : la valeur d’acquisition fiscale est désormais clairement reprise à la valeur historique, évitant la création artificielle de plus-values latentes lors d’une cession ultérieure.
Toutes ces opérations doivent poursuivre un objectif économique réel : réorganisation, simplification, transmission ou rationalisation du groupe.
L’avis de l’ICCI rappelle une distinction fondamentale souvent mal comprise :
Cette rétroactivité comptable :
Lorsqu’un apport ne peut pas être rétroactivé comptablement, l’opération devient un événement post-clôture significatif, imposant une information adéquate dans l’annexe aux comptes annuels et, le cas échéant, dans le rapport de gestion.
L’ICCI adopte une position nuancée concernant les procédures pénales en cours :
Selon les circonstances, cela peut impliquer :
La responsabilité de l’appréciation finale repose clairement sur l’organe d’administration.
L’ICCI tranche une question récurrente :
une société mère, même si elle reste petite prise isolément, ne peut pas bénéficier de l’exemption de contrôle légal si le groupe dépasse les seuils sur base consolidée.
En pratique :
La société mère doit nommer un commissaire, même si elle ne dépasse aucun seuil individuellement.
Les sujets abordés lors de ce Tax TV Show illustrent une tendance lourde :
le droit des sociétés, la fiscalité et les normes professionnelles convergent vers une exigence accrue de rigueur, de transparence et de justification économique.
Pour les experts du chiffre, le message est clair :
la maîtrise technique ne suffit plus. Elle doit s’accompagner d’une lecture transversale des risques, d’une documentation irréprochable et d’un positionnement déontologique solide.
C’est précisément dans ce rôle de décryptage, de mise en perspective et d’anticipation que le Forum For the Future entend continuer à accompagner la profession, en transformant la complexité normative en intelligence collective et opérationnelle.