Tout le monde connaît Uber, Airbnb ou Vinted. Vous avez peut-être aussi déjà réservé un logement en ligne sur ces sites ou vendu un objet dont vous n'aviez plus besoin. Mais combien de personnes travaillent via ces plateformes numériques? Ces chiffres n'étaient pas connus jusqu'à présent. Statbel a donc mené une enquête représentative auprès des 15-64 ans pour mesurer le nombre de personnes travaillant via les plateformes numériques. Pour parler d'emploi via une plateforme, le travailleur doit avoir travaillé au moins 1 heure pour un ou plusieurs clients et l'attribution de ce travail doit se faire via une plateforme (ou application).
Il ressort de notre enquête que 84.000 personnes ont travaillé pour des plateformes numériques pendant au moins une heure au cours des 12 mois précédant l’interview, ce qui ne représente que 1,1% des 15-64 ans. Pour 84,5% d'entre elles, ce n’était que pour une seule plateforme. La plupart des personnes travaillaient via une plateforme de livraison de nourriture et d'autres biens (Deliveroo, Uber Eats,...), vendaient des biens en ligne (2ememain, Vinted,...), travaillaient comme baby-sitters ou fournissaient des services informatiques.
Des questions plus détaillées ont été posées aux personnes qui ont travaillé pour une plateforme le mois dernier. 19,2% d’entre elles ont travaillé moins d’une heure. Ces personnes n'ont pas été prises en compte dans les chiffres suivants. Il est clair que pour la plupart des gens, les plateformes ne constituent pas un travail intensif: 39,0% travaillent entre 1 et 9 heures par mois pour ces plateformes, et 19,6% entre 10 et 19 heures. Seulement 18,2% travaillent plus de 20 heures par mois pour une plateforme. En ce qui concerne la part des revenus, elle n'est pas non plus très élevée: 25,7% n'ont tiré aucun revenu des plateformes le mois dernier, et 45,2% moins d’un quart de leur revenu total.
Si l'on se penche sur le profil de ces personnes, on constate que la répartition entre les hommes et les femmes (sur toutes les plateformes) est assez égale. On observe aussi une surreprésentation de personnes hautement qualifiées: 54,2% des travailleurs de plateformes ont au moins un diplôme de l’enseignement supérieur, alors que cette proportion est de 36,8% dans la population totale. Ils sont en moyenne légèrement plus jeunes et 74,8% d'entre eux déclarent travailler, tandis que 16,3% sont étudiants. Si nous nous penchons sur les personnes qui ont mentionné le travail via une plateforme comme leur emploi principal ou leur deuxième emploi au cours de la semaine de référence, nous constatons que les personnes travaillent principalement via des plateformes sous le statut d'indépendant. Le travail de plateforme est plus courant dans les endroits densément peuplés et, par conséquent, proportionnellement plus de personnes vivant dans la Région de Bruxelles-Capitale effectuent ce travail de plateforme.
Il est difficile de savoir dans quelle mesure les travailleurs des plateformes bénéficient d'une protection sociale et d'autres droits du travail. Nous avons examiné dans quelle mesure les travailleurs des plateformes ont droit à des indemnités de chômage, à des congés de maladie et à des indemnités en cas d'accident de travail.
Un peu plus de la moitié des travailleurs de plateforme ne sont pas assurés contre les accidents du travail, 65,8% ne sont pas assurés contre les maladies et 72,5% ne sont protégés en cas de chômage. Ceux qui déclarent pouvoir bénéficier d'une indemnité de chômage le font principalement par l'intermédiaire de la plateforme elle-même, plutôt que par le biais d'un autre emploi ou d'une autre assurance. L'assurance contre les maladies et les accidents du travail, quant à elle, est obtenue le plus souvent par le biais d'un autre emploi ou d'une assurance complémentaire. Moins de 1% des personnes interrogées ne savent pas si elles sont assurées. Si l'on considère les trois mesures de protection sociale ensemble, 41,6% ne sont protégés contre rien (ni contre le chômage, ni contre les maladies, ni contre les accidents du travail). 15,4% ont les trois assurances. 43% ont une ou deux assurances.
Les conditions de travail sur une plateforme ne sont pas non plus toujours claires: dans quelle mesure l'algorithme donne-t-il à chacun une chance équitable d'accepter une tâche? La grande majorité de nos répondants indiquent qu'ils peuvent choisir eux-mêmes les tâches (58,7%) et qu'ils peuvent les refuser sans conséquences (70,8%). 4,0% indiquent qu'ils ne peuvent pas refuser des tâches sous peine de ne plus pouvoir travailler pour la plateforme, et 20,5% indiquent que s'ils refusent des tâches, ils obtiendront notamment des tâches moins intéressantes par la suite. Il existe donc un petit groupe pour lequel les plateformes offrent moins de liberté.
70,0% indiquent également qu'ils sont libres de fixer leurs heures de travail et 59,4% indiquent qu'ils peuvent fixer leur propre prix. D'un autre côté, 9,7% des personnes interrogées indiquent que les heures de travail sont entièrement déterminées par la plateforme et 24,2% indiquent que le prix est entièrement déterminé par la plateforme.