https://www.beci.be/Sylvain Chevallier est Partner et Global Leader Communications, Media, Entertainment chez BearingPoint. À ce titre, il accompagne, depuis plus de 20 ans, des opérateurs télécoms dans leurs projets de transformation axés sur le très haut débit. Son analyse nous éclaire sur les enjeux stratégiques de la 5G.
Sylvain Chevallier : « Lorsqu’on parle de 5G, il faut savoir qu’il existe deux niveaux : la 5G NSA – Not Stand Alone – dont nous disposons déjà aujourd’hui – et la 5G Stand Alone qui arrivera d’ici à 2023- 2024. Cette dernière nécessite de modifier le cœur de réseau ; il ne s’agit pas simplement, comme c’est le cas pour la 5G NSA, de placer des antennes 5G sur des fréquences 5G en gardant les réseaux actuels. La 5G Stand Alone ouvrira de réelles perspectives pour nos entreprises. La première innovation sera la capacité de faire du Network Slicing, autrement dit de partager le réseau avec différents niveaux de qualité et de priorité. »
À quelles fins ?
S. Ch. : « C’est essentiel si l’on veut faire fonctionner simultanément et correctement plusieurs appareils sur le même réseau. Exemple : faire fonctionner en même temps une voiture autonome, qui doit pouvoir réagir en une fraction de seconde, et le téléphone mobile de monsieur et madame Tout-le-Monde, qui pourrait très bien attendre quelques secondes avant d’accéder à la vision d’une vidéo. Plus globalement, certains métiers auront besoin d’énormément de données, d’un délai de transmission extrêmement court et donc d’un débit très important pour éviter des interruptions du service. »
S. Ch. : « Un deuxième est la possibilité de relier au réseau 5G un nombre d’objets bien plus important. Ce sera l’avènement de l’Internet des objets, avec des millions voire des milliards d’objets connectés : machines, véhicules, compteurs intelligents, lampadaires, places de parking, etc. Tout ceci est impossible aujourd’hui avec la 4G et le réseau actuel. Un autre bénéfice indirect de la 5G et de la hausse des débits est de pouvoir garantir la fiabilité des réseaux. La multiplication de ceux-ci permettra par exemple aux forces de l’ordre et d’intervention urgente de communiquer sur des réseaux spécifiques et sécurisés. »
S. Ch. : « En effet ! C’est pourquoi on verra se développer un grand nombre de réseaux privés à destination des entreprises mais aussi des acteurs publics comme les villes et communes. Un exemple type, ce sont les aéroports ; ils ont besoin de caméras de télésurveillance, de talkies-walkies et autres appareils pour communiquer avec les pilotes, les tours de contrôle, les véhicules sur les tarmacs, etc. Certaines sociétés, comme Mercedes ou Audi en Allemagne, se sont déjà dotées de tels réseaux privés. »
S. Ch. : « Ici comme ailleurs, on aura affaire à un certain séquencement dans le déploiement de la 5G et donc à un phasage dans les projets. En clair, la voiture autonome, ce n’est pas pour 2023 ! En revanche, nos entreprises pourront en profiter à court terme. Les nouvelles opportunités de l’industrie 4.0 permettront notamment de connecter l’ensemble des machines d’une usine, d’obtenir une gestion plus réactive du manufacturing et de la supply chain, et de proposer de nombreux nouveaux services à l’ensemble des acteurs économiques. »
S. Ch. : « Ici aussi, des projets verront le jour à court terme mais pas forcément sur de la 5G. Connecter les éclairages permet une gestion plus intelligente, comme ne pas éclairer quand il n’y a personne, et peut se faire sans la 5G. En revanche, si l’on veut coupler cela avec de la vidéosurveillance ou de l’analyse d’images pour détecter les problèmes de sécurité ou les places de parking disponibles, la 5G sera nécessaire. »
Sylvain Chevallier, Partner et Global Leader Communications, Media, Entertainment chez BearingPoint & Philippe Van Lil, Rédacteur chez Europe Media Communication
Source : BECI