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Réforme fiscale? Quel impact d'ici 4 ans?

Que dira-t-on des mesures gouvernementales prises cette nuit d'ici quatre ans ?

Qu'on l'approuve ou non, la réforme fiscale récemment décidée est d'une portée considérable et marquera son époque après des années d'immobilisme. Bien qu'il soit prématuré d'en saisir tous les effets directs et dérivés, elle imprime déjà une évolution significative, mais son adéquation avec les programmes électoraux reste questionnable.

Un véritable danger réside cependant dans la fracture grandissante de la société. Un message singulier est adressé aux travailleurs : celui d'une nécessité de travailler davantage pour espérer gagner plus. Pourtant, cette injonction semble brouillée par les mesures elles-mêmes.

Si la défiscalisation des heures supplémentaires est avancée, certains horaires, notamment le travail de nuit, pourraient devenir financièrement désavantageux pour des pans entiers de travailleurs. Cette approche crée une complexification inutile et manque d'équité, sans raison sociale ou économique valable. De même, les petits commerces se trouvent fragilisés, placés dans la situation difficile de devoir ouvrir chaque jour à côté de grandes surfaces qui, proches les unes des autres, organisent leurs fermetures alternées pour toujours rester accessibles.

L'on constate d'ailleurs des discriminations flagrantes, souvent en faveur des pensionnés (lourdement pénalisés par ailleurs), ce qui entrave un changement radical du paysage socio-économique.

Par ailleurs, la situation des exclus du chômage suscite une vive inquiétude. Au-delà des opinions jugées parfois scandaleuses sur le sujet, leur réinsertion dans la vie professionnelle apparaît compromise, d'autant que les entreprises pourraient être réticentes à les engager.

Une incohérence globale se dessine : alors que l'on incite les chômeurs à retrouver un emploi, des facilités sont accordées pour des postes qui ne leur sont pas accessibles, notamment par l'augmentation des possibilités pour les pensionnés, ce qui entrave l'atteinte des objectifs nationaux d'emploi. Cet afflux de personnes vers les CPAS, mal préparés et sous-financés, engendrera le risque d'une conjugaison de ruptures professionnelles, civiles, citoyennes, scolaires et alimentaires.

Et, fait souvent sous-estimé, les chances de leurs enfants dans la vie s'en trouveront inéluctablement réduites.

Le risque global, même si les intentions gouvernementales sont comprises, est de voir émerger une Belgique divisée en diverses strates sociales, qui coïncideront malheureusement avec des réalités géographiques distinctes. Bruxelles et la Wallonie, en particulier, devront absorber des chocs négatifs, aggravant un endettement qui, d'un point de vue économique, n'est plus sous contrôle. L'absence d'un plan intégré et la persistance de mesures d'exception créent un corporatisme qui limite la capacité de la Belgique à opérer un changement radical de son paysage socio-économique.

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