Qu’est-ce qui crée la monnaie ? L’attribut de confiance donné par les banques centrales.
Comment se crée la monnaie ? Il y a deux manières. La première, ce sont (je simplifie à l’extrême) les billets, pièces et dépôts des banques auprès de la banque centrale. La seconde, c’est la monnaie qui est créée par le flux/reflux des crédits et dépôts dans le secteur bancaire. Il y a donc un stock de monnaie, émanant des banques centrales, et un flux qui est le produit des flux du capitalisme.
Depuis une quinzaine d’années, les banques centrales ont augmenté le stock de monnaie, ce qui s’appelle « monétiser » la dette publique. Elles ont acheté des obligations d’État pour aider au financement de ces obligations et injecter de la monnaie dans l’économie, avec un certain succès d’ailleurs.
Les dollars sont créés de la même manière.
Mais pour un titulaire étranger d’un compte en dollars (par exemple un citoyen ou une entreprise belge), les choses sont différentes. Les dollars en compte font l’objet de swaps (échanges) entre banques centrales. Si j’ouvre un compte en dollars dans une banque belge, ces dollars sont essentiellement des euros échangés par la BCE contre des dollars auprès de la FED. Ces opérations s’appellent des swaps. Sans ces swaps, le système mondial s’effondrerait.
C’est à ce moment qu’interviennent les stablecoins en dollars, émis par des entreprises privées américaines. Les stablecoins sont émis lorsque des entreprises achètent des obligations américaines à court terme, ce qui permet à l’État américain d’augmenter sa dette en échange de ces stablecoins. Et les Américains ont besoin d’un dollar faible pour qu’il reste une monnaie transactionnelle qui donne sa liquidité au reste du monde. Et, par ailleurs, un stablecoin est donc plus sûr qu’un dépôt en dollars auprès d’une banque belge.
Je crois donc que ce qui va se passer, c’est que les États-Unis vont imposer la détention de ces stablecoins en diminuant les swaps entre banques centrales, ce qui est un moyen pour les États-Unis d’imposer le financement de leur État par l’étranger.
C’est un peu prospectif, mais plausible, et cela s’inscrit très exactement dans les plans de l’équipe de Donald Trump qui veut, de surcroît, des taux d’intérêt bas à travers une mise sous tutelle de la FED.
Résultat : un dollar faible et en dépréciation structurelle, un endettement américain en augmentation. À terme, de l’inflation, une déstabilisation monétaire, mais tout cela, les Américains s’en fichent aujourd’hui, comme lorsque le président américain Richard Nixon a détruit les accords monétaires d’après-guerre en 1971. Ce fut une décennie de chaos.