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Dire "Merci", un acte de responsabilité

Hier mercredi, mon épouse et moi-même avons eu l’honneur et le plaisir d’être invités au concert de Noël au Palais royal. En ouverture de la brochure du programme, une phrase a retenu toute mon attention : « Leurs Majestés, le Roi et la Reine, souhaitent remercier en particulier les personnes qui ont contribué au bon déroulement des activités royales tout au long de l’année 2025. »

Cette intention de remerciement simplement formulée, sans emphase ni solennité excessive, dit beaucoup. Il dit que, même au sommet de l’État, rien ne se construit seul. Il dit surtout que la gratitude n’est ni un cérémonial ni une formalité : c’est une reconnaissance vivante. Un exemple inspirant que, reconnaissons-le, beaucoup d’entre nous pratiquent déjà dans leurs cabinets… parfois sans toujours mesurer la portée profonde de ce geste.



Dans un cabinet d’experts-comptables, remercier son équipe en fin d’année n’est ni une politesse mondaine ni une mode managériale passagère. C’est un acte fondateur. Presque déontologique. Car la performance de nos cabinets repose sur un capital discret, souvent silencieux : la confiance, la loyauté et l’engagement de celles et ceux qui avancent à nos côtés.

Dire merci, c’est reconnaître l’invisible. Ce sont ces heures tardives en période de rush, ces vérifications de trop « pour être sûr », ces appels pris entre deux réunions, ces messages envoyés le soir pour apaiser un client inquiet. Autant de gestes qui ne figurent dans aucun tableau Excel, mais qui tiennent debout la crédibilité de notre métier. Le merci de fin d’année éclaire ce travail de l’ombre et lui rend sa juste place.

Dire merci, c’est aussi protéger notre profession. De l’extérieur, un cabinet se juge à la vraisemblance des chiffres qu’il établit et à la crédibilité des conseils qu’il prodigue. De l’intérieur, il vit par la qualité du lien humain. Remercier, c’est rappeler que la technique n’existe pas sans les femmes et les hommes qui l’incarnent, que les normes n’ont de sens que portées par des consciences engagées, et que la véritable marque d’un cabinet, ce sont d’abord ses collaborateurs.

Dire merci, c’est donner du sens aux efforts. L’année laisse souvent des traces : fatigue des échéances, pression réglementaire, transitions numériques, attentes croissantes. Un merci sincère, incarné, qui nomme les défis traversés et les délais parfois arrachés de justesse, transforme l’usure en fierté partagée.

Dire merci en fin d’année n’est pas un point final : c’est une passerelle vers ce que nous allons construire ensemble, à l’aube d’une année charnière, marquée par l’entrée en vigueur de la facturation électronique et par l’essor de l’intelligence artificielle, qui vont profondément transformer notre manière d’exercer, de conseiller et d’accompagner.

Enfin, dire merci, c’est accepter une part de vulnérabilité en tant que dirigeant. Reconnaître que l’on ne réussit jamais seul. Que sans l’équipe, il n’y aurait ni dossiers aboutis ni clients fidèles. Dans un métier où la maîtrise est centrale, cette humilité est sans doute l’une des formes les plus nobles du professionnalisme.
Un dirigeant de cabinet qui ne dit pas merci risque de considérer l’engagement comme acquis. Celui qui le fait, avec sincérité et constance, rappelle qu’au-delà des bilans et des déclarations, notre profession est avant tout une aventure humaine, exigeante, solidaire et profondément porteuse d’espérance.
Et peut-être est-ce là, au fond, notre plus belle responsabilité : faire en sorte que, lorsque les chiffres se taisent, l’humain, lui, continue de compter.

En toute humanité confraternelle,
Guy


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