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Faut-il sacraliser l’entretien individuel… ou valoriser les onze mois de silence ?

Et si nous osions dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ?

L’entretien annuel, tel qu’il est encore pratiqué dans trop de cabinets, est souvent un rendez-vous à contretemps.

À contretemps des personnes.

En fin d’année, nous sommes dans le temps des comptes, pas dans le temps des cœurs. Or c’est précisément à ce moment-là que l’on convoque parfois nos collaboratrices et collaborateurs pour leur demander de résumer douze mois de vie professionnelle… en une heure, et souvent sous l’ombre portée d’une décision déjà prise.

Soyons lucides : un entretien qui sert principalement à annoncer une augmentation, ou son absence, n’est pas un acte de management. C’est un acte administratif. Et parfois, une déception ritualisée.

Le paradoxe est là : nous voulons de l’engagement, de la loyauté, de l’intelligence collective… mais nous persistons avec un outil qui peut être vécu comme un tribunal annuel, où l’on relève les compteurs plus que l’on écoute les personnes.

Faut-il alors supprimer l’entretien annuel ?
Non. Mais il faut cesser de le sacraliser.

Le dialogue ne se planifie pas une fois l’an. Il se cultive. Un collaborateur ne devrait jamais découvrir en décembre ce que son « manager » pense de son travail. Si un problème existe, il mérite d’être dit quand il est encore temps d’agir. Et si tout va bien, cela mérite d’être reconnu sans attendre.

Dans nos cabinets, le travail est vivant, mouvant, collectif. Il se construit par projets, par pics d’activité, par solidarité aussi. L’évaluation figée n’y répond plus. La conversation continue, oui.

Alors, chers confrères, chères consœurs, je me permets une dernière question, la plus dérangeante peut-être :et si le vrai problème n’était pas l’entretien annuel… mais le silence des onze autres mois ?

Un cabinet où l’on se parle peu toute l’année ne se rattrape pas avec un grand rendez-vous solennel.
À l’inverse, là où l’on échange souvent, avec respect et confiance, l’entretien annuel devient presque superflu… ou infiniment plus léger.

Nos collaboratrices et collaborateurs n’attendent pas un jugement.
Ils attendent un regard. Un regard qui reconnaît, qui encourage, qui ajuste, qui fait grandir.

Alors gardons des temps formels si nous y tenons.
Mais surtout, multiplions les conversations vraies. Celles qui ne notent pas, mais qui élèvent. Celles qui ne figent pas, mais qui ouvrent.

Car au fond, ce qui fidélise, ce n’est ni un formulaire bien rempli ni une grille de notation sophistiquée.
C’est le sentiment profond de compter.

Et dans nos cabinets, plus que jamais, l’humain n’est pas un coût.
Il est notre plus bel investissement.

Cordialement à vous, toutes et tous,

Guy

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