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Effort budgétaire: Bart De Wever battra-t-il Jean-Luc Dehaene?

Comparer l’effort budgétaire de Jean-Luc Dehaene à celui de Bart De Wever : un peu de sérieux, s.v.p.

Certains comparent les contraintes budgétaires belges à celles qui prévalaient dans les années 90, lorsque le Premier ministre de l’époque, Jean-Luc Dehaene, imposa une cure d’austérité drastique au pays.

L’idée de cette comparaison est séduisante : elle ramène à l’effort collectif d’antan, entraîne son propre narratif idéalisé, et masque les débats au profit de ce que l’on appelle une (fausse) virilité budgétaire.

En d’autres termes, si nous ne nous astreignons pas à une cure fiscale et sociale sans précédent, c’est la fin du Royaume.

Oui, mais tout cela est faux, et d’ailleurs sonne faux.

Dans les années 90, la Belgique avait un des taux d’endettement les plus élevés d’Europe (135 % du PIB en 1993) et il fallait entrer dans la zone euro. Une baisse de l’endettement public était nécessaire, sachant néanmoins qu’il était impensable, malgré des chiffres mauvais, que nous ne soyons pas entrés dans la zone euro alors que nos quatre pays voisins, qui sont nos principaux partenaires commerciaux, y seraient entrés. Comment auraient-ils admis qu’un petit pays à la monnaie dévaluée se singularise ? Cela n’avait aucun sens.

D’ailleurs, de son vivant Jean-Luc Dehaene m’a avoué qu’il avait utilisé un argument sans fondement (et il en riait)

Et aujourd’hui, nous sommes dans la zone euro, et des pays ont des endettements publics bien plus importants.

La question contemporaine est le vieillissement de la population, qui entraîne des dépenses de pensions et de soins de santé indispensables pour une population que l’âge met en vulnérabilité.

Or, certains partis, dont le MR, veulent baisser les impôts (même si la réalité sera évidemment contraire), ce qui revient à devoir diminuer les dépenses sociales, sachant que près de la moitié de ces dernières sont DÉJÀ financées par l’impôt.

C’est pour cela que le choix est clair : ou bien on augmente les impôts pour maintenir le système social, ou bien on fracture ce dernier.

Mais si on démantèle la sécurité sociale, alors les prochaines générations sauront qu’elles n’ont plus rien à attendre de l’État, et feront, très silencieusement, sédition.

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