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Craignez-vous un licenciement collectif ? Voici ce qu’il faut savoir et faire

Le constructeur ferroviaire français Alstom souhaite supprimer 150 emplois à Bruges. L’entreprise l’a annoncé jeudi après un comité d’entreprise extraordinaire. Jamais depuis 2013 autant de personnes n’ont perdu leur emploi en raison d’un licenciement collectif ou d’une restructuration au cours des neuf premiers mois de l’année.

Mais que faut-il savoir lorsqu’on perd son emploi suite à un licenciement collectif ? À quelles indemnités avez-vous droit ?

Greet Damme et Yves Stox, managing consultant chez le prestataire de services RH Partena Professional, répondent aux questions les plus fréquemment posées.

Les licenciements collectifs repartent-ils à la hausse ?

Pourquoi entend-on à nouveau autant parler de licenciements collectifs ces derniers mois ? Tout simplement parce que le nombre d’annonces est reparti à la hausse. Entre janvier et septembre 2025, 79 entreprises ont annoncé un projet de licenciement collectif, menant potentiellement à une perte d’emploi pour 6 289 travailleurs. Mais une telle annonce marque en général le début d’une procédure longue et complexe, qui n’équivaut pas nécessairement à un licenciement collectif effectif.


« Pourtant, le nombre de procédures effectivement clôturées est lui aussi en augmentation : on est passé de 80 en 2024 à 76 rien que sur les neuf premiers mois de 2025, ce qui traduit une accélération des licenciements effectifs », explique Yves Stox, managing consultant chez Partena Professional.


Derrière ces chiffres sont des milliers de personnes qui ont perdu leur emploi ou qui vivent dans l’incertitude. En 2024, 7 953 des 8 741 travailleurs concernés ont finalement été effectivement licenciés ; au cours des neuf premiers mois de 2025, cela concernait 6 734 des 7 617 travailleurs.

Qu’est-ce qu’un licenciement collectif ?

« Selon la loi Renault, on parle de licenciement collectif lorsqu’un groupe de travailleurs est licencié dans une période de 60 jours. Il doit s’agir d’un licenciement qui n’est pas lié à la personne du travailleur, comme ses compétences ou ses performances individuelles. Un licenciement pour motif grave n’entre donc pas en ligne de compte », explique Yves Stox.

Le nombre de licenciements minimum requis pour appliquer la procédure dépend par ailleurs de la taille de l’entreprise :

Nombre moyen de travailleurs dans l’entreprise au cours de l’année civile précédant le licenciement
Nombre minimum de licenciements sur une période de 60 jours
Moins de 20 travailleurs
La procédure ne s’applique pas
De 20 à 99 travailleurs
10 licenciements
De 100 à 299 travailleurs
10 % des effectifs
300 travailleurs et plus
30 licenciements

Quelle procédure votre employeur doit-il respecter ?

Lorsqu’une entreprise procède à un licenciement collectif, la loi Renault entre donc en vigueur. Cette loi impose une série d’obligations aux entreprises avant que tout licenciement ne puisse être effectif. L’objectif de la procédure est de limiter le nombre de licenciements grâce à un dialogue structuré entre l’entreprise et les représentants des travailleurs. Les juristes parlent d’une « procédure d’information et de consultation ».

« Pendant cette procédure, les représentants des travailleurs peuvent poser des questions et proposer des alternatives. Les employeurs sont tenus d’y répondre et d’examiner les options proposées, dans le but de réduire l’impact des licenciements et d’en diminuer le nombre », explique Greet Damme, managing consultant chez Partena Professional.


« En général, le nombre effectif de licenciements est inférieur à celui initialement annoncé. En 2024, l’écart entre les licenciements annoncés et les licenciements effectivement réalisés s’élevait à 9 %. Pour les neuf premiers mois de 2025, cet écart atteint 11,6 %. »

La procédure de licenciement collectif se déroule en cinq phases, mais aucune durée maximale n’est fixée par la loi :

  1. Annonce de l’intention
  2. Information et consultation
  3. Notification de l’intention
  4. Période d’attente (30 jours)
  5. Licenciements

« En 2025, la période s’étendant entre l’annonce et la notification a duré environ 80 jours (médiane). C’est plus long que les années précédentes, où la procédure durait en général quelque 65 jours », explique Greet Damme.

Que faire lors de l’annonce d’une intention de licenciement collectif ?

1. Vous conservez votre emploi jusqu'à la fin de la procédure.

« L’annonce d’un licenciement collectif ne signifie pas que vous perdez immédiatement votre emploi. Il s’agit du début d’une procédure au terme de laquelle il sera déterminé qui sera effectivement licencié », souligne Yves Stox.

2. Comprenez vos options et vos indemnités

En cas de licenciement effectif, deux options s’offrent généralement à vous : soit vous effectuez votre préavis, soit votre contrat est terminé immédiatement et vous percevez une indemnité de rupture. Cette indemnité est calculée, comme dans le cas d’un licenciement individuel, sur la base de vos semaines de préavis et de votre salaire de base, incluant les avantages contractuels tels que les congés payés, l’assurance groupe ou l’usage privé d’une voiture de société. Dans le cadre d’un licenciement collectif, des indemnités complémentaires sont souvent prévues, comme une prime d’ancienneté. Ces accords sont consignés dans un plan social, bien qu'un tel plan social ne soit pas obligatoire légalement. En principe, vous avez droit à une indemnité légale en cas de licenciement collectif, mais celle-ci est réduite des indemnités complémentaires prévues dans le plan social.

Le plan social ne concerne pas uniquement les aspects financiers. Il prévoit souvent des mesures d’accompagnement destinées à favoriser le reclassement des salariés licenciés (par exemple un budget supplémentaire pour la formation) ou à éviter de nouveaux licenciements (par exemple un plan de départ volontaire).

Durant les 26 dernières semaines de votre préavis, vous pouvez vous absenter un jour ou deux demi-jours par semaine pour chercher un emploi. Avant cette période, vous avez droit à un demi-jour par semaine pour vos démarches de recherche d’emploi. De plus, lors d’un licenciement collectif, une cellule d’accompagnement à l’emploi (outplacement) est généralement mise en place pour vous aider à retrouver un nouveau poste.

3. Conservez vos droits et préparez l’avenir

Il est essentiel de préserver votre droit aux allocations de chômage en :

  • déclarant votre licenciement à votre syndicat, ou si vous n’en êtes pas membre, à la Caisse auxiliaire des allocations de chômage.
  • vous inscrivant auprès du VDAB, d’Actiris ou du Forem, selon la région dans laquelle vous résidez, et en cherchant activement un emploi tout en acceptant les offres raisonnables qui vous sont proposées.

« La meilleure protection pour les travailleurs est de se préparer aux transitions futures. Rappelez-vous que l’agilité et la polyvalence vous rendent justement plus fort pour franchir aisément la prochaine étape, même en cas de licenciement collectif », souligne Greet Damme. « N’évaluez donc pas uniquement les indemnités financières dans un plan social, mais tenez compte aussi, et surtout, de la formation éventuelle et de l’accompagnement de carrière. Ceux-ci offrent davantage de garanties pour l’avenir. »
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