​Élections belges, attention : le choix est crucial!

Dans six ans, la Belgique fêtera son bicentenaire, marqué par une remarquable stabilité institutionnelle et monarchique.

Bien sûr, les tourments linguistiques et communautaires seront exacerbés, mais si notre pays n’a pas tiré sa propre synthèse, il constitue le point de rencontre de courants germain et latin, et catholique et protestant.

Cela contribue à son immense richesse, et c’est pour cette raison que si le Royaume est inquiet, il demeure essentiel.

Mais, à plus court terme, ce sont les élections de 2024 qui sont probablement les plus importantes depuis les années quatre-vingt.

La question qui se pose est celle du modèle social ; ou plus précisément de la morphologie de l’État social.

Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique s’est dotée d’un système social fondé sur la contribution individuelle dans un objectif de solidarité collective.

C’est ce choix qui entretient des services dédiés à l’éducation et à la santé d’une qualité extraordinaire.

Il est coûteux, c’est vrai. Inefficace à la marge, certainement. Mais il a pour objectif d’assurer une égalité des chances et de protéger contre les aléas de la vie. Mais ce modèle n’est pas dans l’air du temps qui promeut la réussite personnelle au détriment de la collectivité.

Alors, on ostracise les chômeurs, on élève, comme Sarkozy l’a fait en France, le travail comme valeur suprême en accablant ceux qui n’en ont pas, ou en sont empêchés.

À cet égard, les Américains distinguent les anywhere (nomades) et les somewhere (sédentaires), selon la capacité des individus à se mouvoir dans l’économie numérique et à se dissocier de leur ancrage territorial. Les somewhere sont les perdants assumés de la mondialisation. Dans un parallèle avec l’enseignement, les commentateurs américains établissent la même distinction entre les front row kids et les back row kids, c’est-à-dire les élèves des premiers rangs ou les cancres de la classe. On comprend combien cette réalité crée l’anxiété sociale dans une économie mondialisée, d’autant plus que le travail « ubérisé » est relégué, émietté, invisible et non valorisé. C’est un travail fracturé et fragmenté qui ne s’inscrit plus que dans les anfractuosités de la numérisation.

Mais ce courant de pensée est dangereux, extrêmement dangereux même.

Il ne résout rien.

Il déplace.

Il déplace les chômeurs vers les CPAS, les drogués et délinquants de la gare du Midi vers d’autres stations de métro, etc.

Et en déplaçant, on se donne bonne conscience.

Mais, en vérité, la réalité à laquelle nous faisons face, c’est que 30 % de la population a « du mal ».

Cette réalité nous confronte.

Et je pense que combattre la pauvreté et la précarité, et d’abord ses causes, serait une belle cause pour un bicentenaire.

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