Voici l’explication en quatre petits paragraphes.
Nous commettons une immense erreur de jugement en observant la stratégie commerciale de Trump, dont tous savent qu’elle est suicidaire, à commencer pour les États-Unis, dans un scénario digne de la Grande Dépression des années 30.
Mais il faut évidemment voir les choses à l’envers et se demander ce que veut Trump. Il exige essentiellement trois choses : réindustrialiser les États-Unis en attirant des entreprises étrangères, affaiblir le dollar pour stimuler les exportations américaines et, surtout, trouver des créanciers complaisants pour sa dette publique, dont le financement devra être imposé au reste du monde à un taux d’intérêt très faible.
En résumé, il ne veut pas limiter les importations américaines, il veut augmenter les exportations américaines. Comment faire ? Imposer des droits de douane prohibitifs, puis négocier. Négocier quoi ? Négocier que des partenaires européens donnent une préférence aux produits américains plutôt qu’asiatiques, que des entreprises s’installent aux États-Unis et, surtout, que les institutions financières étrangères, y compris les banques centrales, souscrivent à des obligations publiques américaines à très long terme. Et Trump mettra le Federal Reserve sous le contrôle de la Maison blanche avec un immense réalignement monétaire, sur lequel j'ai écrit tant de notes depuis des mois. Incidemment, si les pays concernés se montrent complaisants, ils pourront bénéficier du soutien militaire associé à l’OTAN.
Et cela va évidemment marcher. Cela a TOUJOURS marché. Les États-Unis sont la première puissance économique et le dollar reste la devise de réserve du monde. C’est un peu simpliste, mais assez limpide. Le reste n’est qu’émotions et postures politico-médiatiques.
Et l'Europe ? Elle est coincée entre les doits de douane américains et les importations chinoises. Un indice : est-ce que Madame von der leyen a été reçue à Washington par Trump ? Hmm Hmm ?