Bruxelles affirme avoir évité une guerre commerciale. Mais ce qui vient d’être signé n’est pas de la diplomatie : c’est une concession structurelle, enveloppée d’un soulagement symbolique.
Clarifions la portée réelle de cet accord.
Une hausse par dix, de 1,6 % à 15 %, susceptible de frapper des secteurs clés :
→ Pharma (première exportation de la Belgique, 79 milliards € en 2024)
→ Automobile, semi-conducteurs, agro-alimentaire
→ Malgré des démentis initiaux, la pharma semble incluse.
Parallèlement :
→ Les exportations américaines ne font l’objet d’aucun nouveau droit de douane
→ Le Royaume-Uni a négocié un meilleur accord (10 %)
Il ne s’agit pas d’une victoire. C’est un repli contrôlé.
→ 750 milliards $ d’achats d’énergie américaine
→ 600 milliards $ d’investissements américains (fondés sur des intentions privées spéculatives)
Or, la Commission n’a ni mandat ni autorité budgétaire pour cela. Dans le même temps, elle propose de nouveaux impôts européens (par ex. sur les multinationales) pour financer les priorités de l’UE…
Nous taxerions donc nos entreprises ici pour subventionner la croissance économique américaine.
→ Du gaz russe au GNL américain
→ D’une ambition de défense européenne à une dépendance aux armements américains
→ D’un levier commun à un lobbying fragmenté
→ Les 27 ont défendu des intérêts nationaux étroits, par exemple :
Allemagne pour l’automobile, France pour l’agriculture, Belgique pour la pharma
→ La Commission s’est retrouvée sans véritable pouvoir ni mandat crédible
→ Bruxelles a négocié avec un soutien fragmenté, sans stratégie de rétorsion — et cela se voit.
Chine. Inde. Golfe.
Eux aussi le constatent : l’UE peut être contrainte.
Sans une gouvernance plus forte et unifiée, la prochaine coercition n’est qu’une question de temps. Nous risquons de devenir un appendice prospère, respectueux des règles, mais sans puissance, face à des acteurs mondiaux aux tactiques plus affûtées et aux stratégies plus claires.
Donald Trump souhaite un dollar plus faible pour doper les exportations américaines. Donc :
→ L’UE paiera plus cher les biens américains
→ Les exportations de l’UE perdront en compétitivité
→ L’UE n’a pas d’outils pour riposter
Question de cap pour l’Europe :
Voulons-nous rester un acteur global — ou devenir un sujet global ?