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Europe: du centre du monde à la périphérie du jeu géopolitique ?

Élections après élections, de nouvelles polarités s’imposent en Europe.

Nous qui croyions être le centre du monde — ce qui fut vrai pour le monde occidental jusqu’à il y a une trentaine d’années — nous retrouvons face à nous-mêmes, avec, certes, un système précieux d’État social, même s’il est devenu impayable, mais surtout la réalité d’avoir été les profiteurs clandestins des mondialisations que nous avons déclenchées.


Du temps des colonies aux dépendances modernes

Il y eut d’abord le temps des colonies, qui permit à l’Europe de prospérer grâce à l’asservissement de peuples moins développés.

Puis vint la mondialisation économique, à travers laquelle nous avons exploité les ressources naturelles et la main-d’œuvre bon marché des pays émergents.

Mais le constat est encore plus rude : l’Europe a été le théâtre — et parfois l’instigatrice — de deux guerres qui, par contagion, devinrent mondiales.

Et nous avons été incapables de les achever sans l’intervention décisive de nos alliés russes et anglo-saxons.


Une époque révolue

Tout cela est terminé.

Les États-Unis considèrent, à juste titre, qu’ils ne nous doivent plus rien.

Et même moins encore si l’on se souvient qu’ils furent historiquement la terre d’accueil de ceux que l’Europe rejetait.

Ils sont aujourd’hui déliés de tout cadre moral fondé sur la défense du monde libre, eux-mêmes étant devenus moins exemplaires en la matière, tandis que le marxisme-léninisme et le maoïsme ont été remplacés par des logiques de capitalisme autoritaire.


Une Union européenne fragmentée et contestée

L’Europe est désormais dépendante de puissances qui se recomposent, alors que son propre modèle est ébranlé de l’intérieur.

Certains États membres contestent l’Europe intégrée et réclament un modèle plus confédéral, fondé sur la restauration d’identités nationales, voire souverainistes, distant des valeurs politiques portées autrefois par l’Europe des SixFrance, Italie, Allemagne et Benelux.

Le symptôme est manifeste : les présidents du Conseil européen et de la Commission ne sont même plus reçus comme de véritables interlocuteurs par les États-Unis.

Ailleurs, ils sont accueillis par politesse, mais sans poids réel.


Réinventer l’Europe : maintenant ou jamais

Malraux disait que l’important, ce n’est pas la vie, mais l’histoire.

Et l’histoire est en train de changer, de fragmenter, de recomposer.

L’Europe doit être repensée profondément, dans une logique moins centralisatrice, moins centripète, plus adaptative.

Et ce chantier ne peut être différé. Il doit commencer maintenant.

Car il n’y a aucune chance — j’écris bien aucune — que le modèle politique européen survive sans remise en question.


Si nous ne le faisons pas, d’autres le feront pour nous.

Ce seront alors les intérêts commerciaux, sociaux ou militaires de puissances extérieures qui dicteront notre redéfinition.

Ne soyons pas, comme en 1913, convaincus de l’intangibilité du monde.

Cinq ans plus tard, les empires tombaient.

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