Investissements supplémentaires et/ou changements structurels: la route vers la neutralité climatique en Belgique

Les investissements actuels ou prévus ne permettent pas d’atteindre la neutralité climatique en 2050. Les investissements additionnels nécessaires à la transition vers la neutralité climatique sont très contrastés selon les scénarios de transition: ils peuvent atteindre jusqu’à 25 milliards d’euros par an (4,3% du PIB) par rapport à la situation actuelle dans les scénarios reposant principalement sur des solutions technologiques, et peuvent se rapprocher de 0 dans les scénarios qui envisagent, en plus des déploiements technologiques, des changements structurels dans nos manières de nous loger et de nous déplacer.

Dans tous les cas, la nature des investissements nécessaires change largement par rapport à la situation actuelle. Des choix politiques s’imposent. Ce sont les résultats qui ressortent d’une étude conjointe du Comité d’étude sur les investissements publics (CEIP) et du Service public fédéral (SPF) Santé publique.

Pour arriver à ces résultats, les experts du CEIP et du SPF Santé publique ont recensé et comparé les scénarios de neutralité climatique en Belgique produits par différents auteurs et ont identifié leurs implications sociétales variées. Ils ont ensuite estimé leurs dépenses d’investissements et dépenses récurrentes en se focalisant sur trois secteurs principaux : le transport, les bâtiments et le secteur de l’énergie. Pour le secteur de l’industrie, le rapport reprend les estimations d’investissements d’études existantes. Ensemble, ces quatre secteurs représentent 90% des émissions de gaz à effet de serre en Belgique.

Bâtiments : les investissements dans la rénovation énergétique doivent nécessairement augmenter

Les dépenses pour la rénovation des bâtiments existants et la décarbonation des nouveaux bâtiments augmentent considérablement dans tous les scénarios, entre 7 milliards d’euros et 10 milliards d’euros par an. Les scénarios qui s’appuient sur une densification de l’habitat, c’est-à-dire sur une réduction de la construction de nouveaux bâtiments, voient par ailleurs les investissements dans les nouvelles constructions diminuer par rapport aux niveaux actuels.

Transport : l’analyse montre des résultats contrastés

Les scénarios qui reposent principalement sur un déploiement technologique (principalement l’électrification des véhicules) mènent à des investissements jusqu’à 14 milliards d’euros par an plus élevés que la situation actuelle dans le secteur. A l’inverse, les scénarios qui reposent largement sur une diminution des déplacements, un transfert modal (utilisation d’autres moyens de transports plus respectueux de l’environnement) ou du covoiturage mènent à une réduction du parc de véhicules et des investissements totaux du secteur, jusqu’à 1 milliard d’euros par an par rapport à la situation actuelle, et ce malgré une augmentation des investissements dans les transports publics.

Energie : les investissements nécessaires augmentent dans tous les scénarios

La hausse des investissements dans le secteur de l’énergie est liée à l’augmentation de la demande en électricité, au changement du mix énergétique en faveur de sources décarbonées et au développement nécessaire des réseaux et de la gestion de l’intermittence. Cette hausse représente entre 3 et 8 milliards en moyenne annuelle par rapport à la situation de 2024. Cela représente une augmentation remarquable d’un facteur 3 à 7.

Industrie : un investissement additionnel limité, mais réparti sur un petit nombre d’acteurs

Pour le secteur de l’industrie, le rapport reprend les estimations d’investissements d’études existantes : elles se situent entre 0,4 et 1,6 milliard d’euros par an. Bien que ces niveaux d’investissement puissent sembler faibles par rapport aux autres secteurs, il faut souligner qu’ils se répartissent sur un nombre restreint d’entreprises.

Les dépenses récurrentes diminuent dans tous les scénarios

Les dépenses récurrentes, liées en grande partie à la facture d’énergie, baissent progressivement dans tous les scénarios. En effet, de nombreux leviers de décarbonation réduisent tellement la demande d’énergie que, même si le prix des vecteurs décarbonés est généralement plus important que celui des énergies fossiles, la facture énergétique baisse.

Le rôle des autorités publiques : un sujet pour de futures études

Les investissements présentés dans cette analyse incluent tant les investissements publics que les investissements privés. L’ampleur et la forme d’une intervention publique pour accompagner ces investissements doivent faire l’objet de travaux futurs.


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