​La direction actuelle de l’Europe conduira au nationalisme

Chaque jour permet de répondre à la question de la place de l’Europe dans le monde dans quelques années. D’un point de vue géopolitique, le découplage avec les États-Unis sera croissant, et même consommé si Trump revient au pouvoir. Au reste, la guerre ukrainienne se retournera si Donald Trump est réélu en 2024. Il n’a aucune considération pour l’Europe ni pour l’OTAN. Il a affirmé qu’il conclurait en 24 heures un accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine et qu’il mettrait donc fin à l’aide américaine à l’Ukraine. À ce moment-là, les va-t-en-guerre actuels devront décider s’ils reprennent le rôle militaire des États-Unis (ce qui est évidemment impossible) ou s’ils abandonnent l’Ukraine dans un embarras total, ce qui est probable. Ceux qui haranguaient depuis leurs fauteuils vont devenir munichois.

L’Europe sera aussi dépendante du gaz américain, des importations chinoises (amplifiées par leur propre sous-utilisation de leurs capacités de production), et de sa perte d’influence mondiale. Dans le cadre d’un isolationnisme américain grandissant et de la consolidation des BRICS étendus. D’autres problèmes l’assailliront, comme les flux migratoires, le maintien des États sociaux dans un contexte de vieillissement de la population, et un malaise social grandissant dans l’impossibilité de financer les États sociaux.

C’est pour ces raisons que le vrai risque est que l’Europe ne soit plus du tout un projet mobilisateur, et qu’elle soit même considérée comme une technocratie opaque sans transparence démocratique. Son incapacité à exprimer une vision stratégique pourrait entraîner des replis nationalistes, qui me semblent d’ailleurs inévitables.

Je ne sais d’ailleurs pas si l’idée dune extension de l’Union européenne à 30 pays (qui est une réponse à la guerre russe), se concrétisera ou sera tolérée par les États membres actuels.

Bien sûr, on peut toujours, comme l’écrivait Victor Hugo, « étonner la catastrophe ».

Mais pour cela, il faut de vrais dirigeants européens assurés d’une capacité décisionnelle d’une envergure qui n’est pas atteinte.

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