On assiste, non seulement en Belgique, mais un peu partout en Europe, à une querelle, jusqu’ici parfaitement stérile, sur la notion de « surprofits », que certains voudraient taxer dans le chef des sociétés « énergétiques ».
Les échanges entre hommes et femmes politiques sur le sujet sont particulièrement décevants parce que l’on a l’impression que personne ne sait de quoi il s’agit réellement.
N’insistons même pas sur le fait que l’essentiel des profits résultant de l’augmentation des prix de l’énergie ne sont pas réalisées dans l’Union Européenne, mais dans les pays producteurs. Il faut supposer que personne ne s’imagine que le Qatar, et surtout la Russie et sa société Gazprom vont subitement devenir des contribuables européens parce que l’Union européenne en décide ainsi. Ces pays sont, sur ce plan, les principaux bénéficiaires de l’augmentation des prix sur les marchés. C’est un fait et nul ne pourra y apporter un remède.
Restent les sociétés distributrices et les autres intervenants sur les marchés locaux européens. Il semble qu’effectivement un certain nombre de ces sociétés ont réalisé plus de bénéfices depuis le début de la crise énergétique.
Cela ne permet toutefois pas de parler de « surprofits », tant qu’on n’a pas proposé une définition de ce qu’est un surprofit.
Lorsqu’on voit un président de parti affirmer que ceux-ci n’existent pas, et un autre rétorquer que le premier est le seul en Europe à ignorer qu’ils existent, il s’agit d’une polémique absurde.
Il faudrait commencer par se mettre d’accord sur la notion de surprofit surprofit.
Il serait parfaitement simpliste de se limiter à comparer, dans ces sociétés leurs bénéfices par rapport à ceux de l’exercice antérieur.
D’abord, ce ne serait pertinent que si leur exercice comptable correspondait au début de la crise, ce qui n’est évidemment pas exact.
Ensuite, ce n’est pas parce que deux évènements se produisent au même moment que l’un est causé par l’autre. En d’autres termes : une augmentation des bénéfices d’une société, même dans le domaine énergétique, n’est pas nécessairement la conséquence, ou en tous cas pas la conséquence exclusive de l’augmentation des prix de l’énergie. Cela peut aussi résulter, en tout ou en partie, d’investissements judicieux, d’une meilleure gestion, de décisions antérieures, de rationalisations, ou encore d’une diversification, puisque ces sociétés se sont, par exemple, souvent également tournées vers les énergies renouvelables.
On promet beaucoup de surprises à ceux qui vont tenter de fixer des règles objectives pour déterminer, dans l’augmentation du bénéfice d’une société, ce qui résulte effectivement de l’augmentation des prix des produits énergétiques, et ce qui est le résultat d’autres éléments.
Les entreprises ont des bénéfices qui sont toujours variables. Ils peuvent augmenter ou diminuer en fonction de multiples données. Cela fait partie du risque de l’entreprise, qui est assumé par tous les investisseurs.
Ils sont affectés, par exemple, par les niveaux des prix d’achat, mais aussi de revente et peuvent dépendre d’évènements qui sont des aléas pour les gestionnaires. Tel est le cas de la crise de l’énergie, qui n’est en rien la conséquence d’actes accomplis par ces entreprises. Celles-ci n’ont pas provoqué la crise, qui est la conséquence de décisions politiques, pour la plupart d’ailleurs étrangères à l’Europe.