Je ne pense pas que les finances publiques belges soient en péril, malgré le ton alarmiste de certaines voix officielles. Depuis que le système financier est placé sous la supervision des banques centrales, qui refinancent les États et imposent des taux d'intérêt réels négatifs une fois l'inflation déduite, une dette sous contrôle se dissout progressivement dans le futur.
En réalité, les coûts liés aux soins de santé et aux pensions vont peser de plus en plus lourdement à mesure que la population vieillit, et ces dépenses s'ajouteront aux besoins d'investissement public destinés à financer la transition climatique.
Cependant, il est également possible d'orienter l'épargne confiée aux banques, bien sûr, au détriment de leur liberté d'action, de la rentabilité de leurs actionnaires et de la rémunération de cette même épargne.
Cela peut susciter de l'indignation, mais c'est la réalité. Et on peut même se demander si, au-delà d'un encadrement de l'épargne, nous n'assisterons pas à une perte de sa mobilité.
En vérité, le véritable problème des finances publiques belges est l'extrême difficulté de diriger ce pays de manière consensuelle avec l'adhésion du corps social. Il ne s'agit pas d'écarter les extrémités politiques, comme beaucoup se plaisent à le dire, mais de les écouter, car l'extrémisme politique, de droite ou de gauche, est une résonance des difficultés économiques et des contrariétés sociétales. Et le premier multiplicateur des écarts politiques, ce sont les inégalités.
C'est pour cette raison que je reste convaincu, plus que jamais, que le cœur démocratique de la Belgique, c'est son Parlement, au sein duquel les forces diverses s'expriment, et non pas l'utilisation numérique de la répartition des membres de ce Parlement pour en tirer des synthèses partisanes.
La prochaine véritable réforme fiscale devra intégrer pleinement les multiples défis qui vont nous assaillir, comme la modification structurelle du marché de l'emploi dans le cadre de l'intelligence artificielle, ainsi que la modification du bâti et des infrastructures publiques dans le cadre des modifications climatiques.
Il s'agira d'entretenir un véritable débat parlementaire comparable à celui qui a animé la grande réforme d'après-guerre, en 1962.