Le rapport Mario Draghi, le suicide de l’Europe et… la fin de l’euro ?

La personnalité de Mario Draghi m’a toujours laissé perplexe. Enchaînant des fonctions de banquier d’affaires, de président de Banque Centrale et de Premier ministre, je n’ai jamais compris s’il travaillait pour le bien commun ou pour le grand capital. De surcroît, sa conscience écologique est homéopathique et sa fibre sociale est, au sens organique du terme, microscopique. En février 2012, il avait d’ailleurs affirmé au Wall Street Journal que le modèle social européen était mort (en anglais : is gone). On parle donc d’un néolibéral pur jus, pour qui l’économie de marché prédomine et doit être, sans doute, le tuteur des États.

Mais son récent rapport est un texte important. Que voit-il ? Il postule une Europe à un moment existentiel, qui pourrait s’effondrer sans un sursaut d’innovation, de réindustrialisation et de déréglementation. Il va même plus loin en affirmant qu’une lente agonie attend notre continent, miné par une faible productivité et le coût social du vieillissement de la population.

Je crois qu’il a raison : les politiques industrielles européennes se sont avérées des échecs tandis que l’alignement entre les différents pays se désagrège. Je pense essentiellement au « couple » franco-allemand.

Mario Draghi préconise des investissements de 800 milliards d’euros par an, soit 5 % du PIB européen, au travers d’une mutualisation des dettes publiques. Mais comment imaginer concilier cette exigence avec les contraintes de désendettement des États ?

Tout n’est donc que contradictions internes face à une concurrence sino-américaine dont l’Europe sera la victime désignée, sachant qu’une guerre russo-ukrainienne, pilotée du côté occidental par des intérêts anglo-américains, épuise déjà le continent.

Le rapport Draghi sera-t-il suivi d’effets ? Je ne le crois pas.

Et pourtant…

Derrière ce rapport, c’est évidemment la désintégration européenne qui est visée, car on ne peut imaginer une mort lente commune de l’Europe sans que des courants politiques antagonistes se manifestent. Et derrière cette désunion, c’est l’euro qui sera, un jour, en péril.

Mario Draghi avait dit en juillet 2012 qu’il ferait « whatever it takes » pour préserver l’euro.

Il réitère, au travers son rapport, l’aveu qu’un jour, l’euro pourrait être menacé.

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