Les routes belges, tristement célèbres pour leur mauvais état, sont devenues un symbole de gestion publique déficiente. Mais au-delà de l’anecdote, ce constat offre un parallèle frappant avec la fiscalité belge : des investissements mal ciblés, une absence d’entretien structurel, et une accumulation de problèmes jusqu’à des coûts de réparation stratosphériques. Décodons.
Des investissements mal répartis dans le temps. Le réseau routier belge a bénéficié d’investissements massifs dans les années 1970, mais depuis, ces efforts se sont essoufflés. Résultat : un patrimoine vieillissant, mal entretenu, qui nécessite désormais des travaux colossaux. Prenons en exemple le Ring d’Anvers, initialement estimé à 3,7 milliards d’euros en 2017, il coûtera finalement 10 milliards d’euros – soit 3.000 euros par contribuable flamand.
Ce même phénomène s’observe en fiscalité : après des réformes historiques, l’absence de suivi a laissé les systèmes fiscaux se détériorer, rendant les ajustements « hors d’atteinte » et complexes.
La politique belge semble attendre la catastrophe avant d’agir. Pourquoi faut-il huit ans pour réparer un viaduc ou plusieurs décennies pour achever un tronçon comme l’Oosterweel ? Cette inertie est amplifiée par des conflits d’intérêts, des calculs politiques à court terme, et un manque de vision stratégique.
En fiscalité, c’est la même logique : on laisse des déséquilibres s’installer – comme la surimposition du travail ou l’évasion fiscale – jusqu’à ce que le système menace de s’effondrer. Les “réformes” qui suivent sont souvent des pansements sur une jambe de bois, sans adresser les causes profondes ou aussi régulièrement des surréactions et surlégislations qui touchent de façon impraticables et coûteuse la pratique de nombreux « petits professionnels ».
Nos systèmes publics, qu’il s’agisse des routes ou de la fiscalité, souffrent d’un manque de distinction entre ce qui relève du soutien structurel (entretien) et de l’investissement (création ou modernisation).
Prenons l’exemple de la sécurité sociale, dont le budget est passé de 28 à 42 milliards d’euros en six ans. Si certains de ces fonds sont alloués à des investissements louables (infrastructures hospitalières, nouvelles technologies), d’autres couvrent des dépenses non maîtrisées, comme des prescriptions médicales excessives. Une approche plus rationnelle – comme un remboursement par pathologie au lieu d’un financement à l’acte – pourrait générer des économies significatives, mais il s’agit d’un nouveau paradigme…
En fiscalité, il est temps de s’attaquer au vrai problème : le déséquilibre entre la taxation du travail et celle de la consommation ou des comportements nuisibles. Pourquoi ne pas :
Ces solutions ne sont pas révolutionnaires, mais elles nécessitent une volonté politique ferme, souvent absente des débats gouvernementaux. Bref un ‘nouveau paradigme’, bien loin des recettes de cuisine discutée aujourd’hui dans le cadre un potentiel accord de gouvernement.
Le parallèle entre l’état de nos routes et celui de notre fiscalité révèle un constat commun : l’inaction coûte cher. Laisser des infrastructures physiques ou fiscales se dégrader par manque de vision ou de suivi génère des réparations hors de prix, payées par les citoyens.
Il est urgent de sortir de cette gestion réactive pour adopter une approche proactive et structurée. Cela implique une meilleure distinction entre dépenses et investissements, une réforme profonde des priorités fiscales et une capacité à mener des réformes structurelles avec une vision de long terme.
Les routes belges et notre fiscalité ont cela en commun : elles peuvent devenir des modèles d’efficacité et de durabilité. Mais cela nécessite de faire preuve d’audace, de cohérence, et surtout de courage politique.
Et vous, êtes-vous prêt à emprunter cette nouvelle route ? Un appel au politique, mais surtout à un nouveau paradigme, à l’aube d’un futur gouvernement.
Cette opinion a également été publiée dans L’Écho