Une nouvelle enquête a été réalisée la semaine dernière par plusieurs fédérations d’entreprises et d’indépendants (BECI, SNI, UCM, UNIZO, UWE et VOKA). L’initiative est coordonnée par la BNB et par la FEB. Il s’agissait de la dix-septième d’une vague d’enquêtes menée depuis mars 2020 et dont l’objectif est d’évaluer l’incidence de la crise du coronavirus et des mesures restrictives sur l’activité économique et sur la santé financière des entreprises [1]. Au total, 5 348 entreprises et indépendants ont participé à l’enquête cette semaine.
[1] L’enquête de l’ERMG repose sur l’évaluation des entreprises qui participent à l’enquête. La comparaison dans le temps des résultats de l’enquête doit être interprétée avec une certaine prudence car les entreprises interrogées peuvent varier d'une enquête à l'autre. D'une part, les fédérations qui mènent les enquêtes auprès de leurs membres peuvent ne pas être les mêmes. D'autre part, les entreprises ne participent pas systématiquement à chaque enquête. Bien qu’une éventuelle surreprésentation dans l'échantillon des entreprises de certains secteurs soit corrigée, il est possible que les entreprises interrogées diffèrent dans le temps par d'autres caractéristiques.
En tenant compte de la taille des entreprises et de la valeur ajoutée sectorielle, les entreprises interrogées cette semaine ont fait mention d’une baisse de 12,4 % de leur chiffre d’affaires comparativement à la normale. Cela représente une hausse de 1 points de pourcentage par rapport à l’enquête de décembre et de 5 points de pourcentage par rapport à celle de novembre. Comme lors des enquêtes précédentes, les entreprises interrogées situées en Région flamande et en Région wallonne rapportent une diminution du chiffre d’affaires comparable à la moyenne nationale, tandis que l’impact de la crise du coronavirus sur le chiffre d’affaires est plus important pour les entreprises interrogées de la région de Bruxelles-Capitale (-18 %).
L’amélioration observée en janvier est principalement due à un redressement du chiffre d’affaires dans les secteurs de la vente au détail non alimentaire, de la vente en gros et des activités immobilières, soit les secteurs d’activité qui ont été durement touchés lors du confinement de novembre. La perte de chiffre d’affaires par rapport à la normale a été d’environ 7 %, ce qui est comparable aux résultats observés en août. Le chiffre d’affaires des entreprises de la vente au détail non alimentaire a peut-être été influencé cette semaine par la période des soldes et par des remises relativement plus élevées que celles habituellement accordées au début de celle-ci. Étant donné que cet effet, comme celui d’une demande refoulée résultant de la fermeture des commerces non essentiels en novembre, est de nature temporaire, l’amélioration structurelle pourrait s’avérer un peu plus faible et la forte reprise des ventes dans les magasins non alimentaires pourrait être partiellement inversée dans les semaines à venir. Dans les autres secteurs d’activité, la perte de chiffre d’affaires est restée assez stable en janvier par rapport à décembre. La perte reste importante dans les secteurs les plus affectés, à savoir 79, 70 et 24 % respectivement dans le secteur des arts, spectacles et activités récréatives, dans l’horeca et dans le secteur des transports et de la logistique.
La perte de chiffre d’affaires due à la crise du coronavirus attendue pour l’année 2021 est de 9 %, comme lors de l’enquête de décembre. Il ne s'agit donc que d'une amélioration limitée par rapport à la perte actuelle de chiffre d'affaires, qui atteint 12 %. Malgré le développement très rapide de divers vaccins, la campagne de vaccination demandera du temps. Il devient donc de plus en plus évident que la situation sanitaire en Belgique et à l'étranger ainsi que les mesures restrictives continueront de peser sur le chiffre d'affaires des entreprises pendant encore un certain temps. La reprise du chiffre d’affaire qui est attendue pour 2022 est plus solide, puisque la perte de chiffre d’affaires est estimée à 4 % pour cette année-là. Il s’agit en outre d’une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport aux anticipations de l’enquête de décembre. Les entreprises pensent donc que 2021 sera une année de transition, avec une croissance modérée du chiffre d’affaires, et que 2022 sera l’année où leur chiffre d’affaires se redressera plus fortement (même si, selon les répondants, il sera encore inférieur à la normale pour l’ensemble de l’année).
Une tendance similaire est observée au niveau des plans d’investissement. L’entreprise interrogée moyenne s’attend à ce que ses investissements en 2021 soient inférieurs de 19 % à la normale, ce qui ne constitue qu’un léger mieux par rapport à la baisse des investissements en 2020 évoquée lors de l’enquête précédente.[2] Dans l’enquête de janvier, une question ciblant les plans d’investissement pour 2022 a été posée pour la première fois et, pour cette année-là, une diminution de « seulement » 11 % en raison de la crise du coronavirus a été rapportée. Cela indiquerait donc une croissance significative des investissements entre 2021 et 2022.
Ce mois-ci, une nouvelle question a été ajoutée à l'enquête à propos du recours à des sources de financement supplémentaires depuis le début de la crise du coronavirus. Un tiers des entreprises interrogées ont indiqué qu'elles avaient eu recours à au moins une, voire à plusieurs sources de financement supplémentaires. Il s’est principalement agi d’injections de capitaux par les chefs d’entreprise, par des membres de leur famille ou par des amis (pour 15 % des répondants), d’un recours accru au crédit bancaire (12 %) et d’un allongement des délais de paiement auprès des fournisseurs (8 %). Dans une moindre mesure, le financement intragroupe (3 %) et des délais de paiement plus courts aux clients (2 %) ont également été signalés, tandis qu'une injection de capitaux par une société d'investissement publique ou privée ou par une autre entreprise n'a presque pas été mentionnée.
Le recours à des sources de financement supplémentaires dépend fortement du secteur d’activité et de la taille de l’entreprise. La proportion d'entreprises ayant bénéficié de capitaux supplémentaires est nettement plus élevée dans les secteurs les plus durement touchés, à savoir l’horeca (62 % des répondants), le secteur des arts, spectacles et services récréatifs (56 %) et le secteur des transports et de la logistique (52 %). Le type de source de financement aussi dépend sensiblement de la taille de l'entreprise. Un indépendant sur quatre et une entreprise sur cinq occupant au maximum dix employés ont bénéficié d’un apport de capitaux provenant des ressources propres du chef d’entreprise, de sa famille ou de ses amis. En revanche, un recours accru au crédit bancaire a été signalé par les entreprises de taille moyenne (25 % des entreprises moyennes interrogées), tandis que le financement intragroupe a été important pour les très grandes entreprises (18 % des entreprises interrogées avec plus de 1000 employés).
[2] Dans le calcul de cette moyenne, nous ne tenons pas compte de la taille de l'entreprise. Étant donné que les grandes entreprises déclarent en moyenne une baisse plus faible de leurs investissements, la baisse globale des investissements est plus faible.
Malgré le recours important à des sources de financement supplémentaires depuis le début de la crise du coronavirus, de nombreuses entreprises continuent de rencontrer des problèmes de liquidités. Ainsi, près d’un tiers des entreprises interrogées déclarent faire face à des problèmes de liquidités, tandis que 20 % d’entre elles disent pouvoir respecter leurs obligations financières actuelles pendant au maximum trois mois sans devoir compter sur une injection de capitaux supplémentaires ou sur des prêts supplémentaires. Ces chiffres se sont toutefois améliorés pour le deuxième mois d’affilée, après qu’une forte détérioration avait été observée en novembre. Il convient de noter que les problèmes de liquidités sont bien plus fréquents chez les indépendants et les petites entreprises de moins de dix employés ayant participé à l’enquête, 40 % d’entre eux affirmant être confrontés à ce type de problème.
La perception quant au risque de faillite reste pratiquement inchangée dans la plupart des secteurs par rapport au mois de décembre et ne diminue que marginalement au niveau agrégé. En janvier, la part des entreprises interrogées qui considèrent qu’une faillite est probable ou très probable est de 9 %, ce qui représente une légère baisse par rapport à l’enquête précédente (10 %). La part des entreprises qui ont indiqué qu'elles avaient entamé une procédure de faillite ou qu'elles l'entameraient dans les six prochains mois est restée stable, à 6 %. Ce chiffre atteint 9 % pour les indépendants et les petites entreprises, ce qui signifie que le risque de faillite est également bien plus élevé pour ce groupe.
Les informations quant au marché du travail obtenues sur la base de l’enquête sont conformes à l’évolution actuelle et, surtout, à la légère embellie des perspectives à moyen terme quant au chiffre d’affaires. D’abord, selon les données de l’enquête, le recours au chômage temporaire est revenu de 10 % de l’emploi dans le secteur privé en décembre à 7 % actuellement. L’évolution est notable dans les secteurs qui ont signalé une reprise du chiffre d’affaires en janvier, à savoir la vente au détail non alimentaire, la vente en gros et les activités immobilières.
Ensuite, pour 2021, les perspectives pour l’emploi dans le secteur privé se sont améliorées, les pertes d’emplois prévues ayant presque totalement disparu au niveau agrégé : la baisse est retombée de 23 000 unités (soit 0,9 % de l’emploi privé) lors de l’enquête de décembre à 1 800 unités (soit 0,1 % de l’emploi privé) ce mois-ci. La quasi-stabilité de l’emploi du secteur privé anticipée pour 2021 est le résultat d’une création nette d’emplois anticipée dans des secteurs tels que la construction, l’industrie manufacturière, le secteur de l’information et de la communication ou les services de support, qui compenserait une perte nette d’emplois anticipée dans des secteurs durement touchés tels que l’horeca, le commerce, les transports et la logistique ou le secteur des arts, spectacles et services récréatifs. L'impact final sur l'emploi dépendra donc également de la manière dont les politiques en matière d’emploi pourront faciliter les transitions entre secteurs.
Pour 2020, les entreprises interrogées font encore état d’une perte d’emplois atteignant 2,0 %. En conséquence, l’incidence totale de la crise du coronavirus sur le nombre d’employés du secteur privé reste fortement négative. Il convient d’ajouter à cela que les résultats mensuels relatifs à la question de l'enquête ayant trait aux attentes en matière d'emploi sont très volatils et qu’ils peuvent potentiellement refléter des effets de composition. En outre, ces chiffres ne concernent que les employés, alors que l'impact total sur l'emploi dans le secteur privé inclut également les indépendants qui feront faillite en raison de la crise du coronavirus.
Depuis le début de novembre, le travail à domicile est la règle générale. Lors de l’enquête de janvier, les entreprises ont déclaré qu’un tiers de leurs employés travaillaient à temps plein à domicile, ce qui représente une hausse de 3 points de pourcentage par rapport à l’enquête de décembre. En outre, 12 % des employés travaillent partiellement à domicile, ce qui correspond à une légère baisse de 1 point de pourcentage par rapport à décembre.
Lors de l’enquête précédente, près de la moitié des chefs d'entreprise ont déclaré que le recours au télétravail sous sa forme actuelle était associé à une perte de productivité des employés. L'enquête de ce mois-ci a permis de questionner les entreprises sur les raisons de cette moindre productivité, et près de 60 % des répondants en ont indiqué au moins une.
Les principales raisons invoquées sont le fait que les travailleurs échangent moins d’idées et voient le networking diminuer (par exemple, en raison du manque d'interactions spontanées et de la baisse des voyages d'affaires), l'absence d'un environnement de travail adapté à domicile (par exemple, en raison de la combinaison travail-famille) et la qualité inférieure du service par rapport à ce qui est réalisé sur le lieu de travail. Les autres raisons, telles que le manque d'infrastructures physiques ou numériques, le manque de contrôle de gestion et le manque de compétences des employés, sont considérées comme moins importantes.
Sources : BNB, Communiqué de presse, 21 janvier 2021, "Les entreprises belges voient 2021 comme une année de transition, tandis que les perspectives pour 2022 sont plus encourageantes"