​Les États-Unis mettront l’Europe échec et mat.

Le capitalisme américain, que je distingue du capitalisme anglo-saxon, est fondé sur l’économie de marché et l’entrepreneuriat. Chacun est face à son destin, avec la force de ses poings, pour devoir survivre dans un pays où la protection sociale, en vérité, n’existe pas. C’est un pays d’essence calviniste : chacun doit trouver, seul, son chemin d’élection.

C’est donc un pays de capitalisme voyou, nimbé dans un système à la fois suffocant et exaltant. Comme la société repose sur l’individu, le choc des idées est permanent, dans un chaos qui fait émerger des personnalités, dans un darwinisme social et économique indescriptible.

Bien sûr, tout paraît propre et lisse en surface. C’est d’ailleurs ce que le « soft power » cinématographique américain nous enseigne, des comédies musicales à Top Gun en passant par La Petite Maison dans la Prairie. Mais ce n’est pas cela, la vérité. Chacun est seul, et le secours est familial et/ou religieux.

Quand on voit l’équipe mise en place par Trump — une équipe, à tout le moins, baroque — on remarque qu’il a choisi des femmes et des hommes fidèles, dans une verticalisation absolue du pouvoir. Mais il a aussi sélectionné de nombreux milliardaires, des « self-made men » qui ont dû affronter toutes les ruses pour accumuler leur fortune.

Ce sera chaotique. Au terme des quatre ans (si la Constitution n’est pas modifiée), l’équipe ne sera certainement pas la même qu’au départ. Mais les États-Unis vont connaître une explosion capitaliste, totalement chaotique et isolationniste, qui rendra toute compréhension extérieure impossible.

Trump dirigera son pays comme une entreprise, c’est-à-dire dans la recherche permanente du monopole et du pricing power. Et tout, je dis bien tout, sera bouleversé, à commencer par les symboles régaliens : la monnaie et la dette américaine.

Et face à cela, l’Europe est de plus en plus divisée, tandis que le couple franco-allemand est l’ombre de ce qu’il fut. La Commission passe en force sur des domaines comme le Mercosur, sans l’aval de la France. Nous ne sommes plus leaders en rien, et certainement pas dans le domaine technologique. Le rapport Draghi est plus incantatoire que dérogatoire. Et notre croissance économique est désastreuse.

En fait, nous sommes devenus un continent qui n’est plus dirigé, mais administré, avec comme constat la somme de nos contradictions.

Et une guerre à nos frontières….

Kissinger l’avait souvent dit : les Américains jouent aux échecs, tandis que les Asiatiques jouent au go. Les premiers cherchent à mettre échec et mat, les seconds enserrent et étouffent leur adversaire. Les États-Unis nous mettraient échec et mat. Sans pitié. Sans sentiments.

De Gaulle n’avait-il pas dit, à juste titre, que les pays n’avaient pas d’amis, mais uniquement des intérêts ? Et Kissinger de surenchérir : « Être un ennemi des Américains, c’est dangereux. Être un ami, c’est fatal. »

Fatal.

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