​L’été, la culture générale et l’arbre de la connaissance

L’été – les “grandes vacances, comme on disait avant – est le moment privilégié du retrait personnel, de l’introspection, du dessin des projets. Mais, plus que tout, loin des caddies emplis de nourritures et de boissons insatiables, d’impulsions digitales incessantes, d’une course effrénée vers des horizons imprécis et mortels, c’est le moment de la lecture et de l’écoute.

Pourquoi ? Parce que l’information a tué la connaissance. Parce que le ressenti immédiat, matiné de passions instantanées, semble surmonter la somme des savoirs, parce que l’horizontalité des choses les a extrudées, parce que les chronologies sont escamotées par les inanités et les agitations.

En fait, ces temps d’été sont propices à restituer les bienfaits de la culture générale, dont Charles de Gaulle disait qu’elle conditionnait l’art du commandement.

​Il y a bien longtemps, au début des années quatre-vingt, j’avais reçu un livre intitulé « La formation culturelle des cadres »… et je ne l’ai pas lu, pour me rendre compte, une fois devenu enseignant universitaire, que c’était le principal message que je devais donner à mes étudiants : développer la culture générale par l’apprentissage quotidien.

​Cette culture générale se rapproche de l’intuition éduquée d’Henri Bergson, c’est-à-dire une forme de connaissance directe qui permet de saisir la réalité profonde des choses au-delà des apparences superficielles, et même au-delà des divisions et des simplifications imposées par l'analyse intellectuelle.

​Et finalement, c’est le modèle d’économie de marché, inspiré de l’amnésie d’un cours de bourse, qui a entraîné l’immersion dans un monde inductif, aphasique, aux langages pauvres, aux réflexes conditionnés, aux outils de travail normés, bref dans le monde d’Outlook, c’est-à-dire un cadre de réflexion tellement homogène que tous les travailleurs non manuels sont plus ou moins substituables, ce qui correspond à l’aboutissement ultime de… l’économie de marché.

Alors, je dis à tous mes étudiants, formez-vous, de manière curieuse, contradictoire, volontaire et autodidacte une heure par jour. Après un an, cela correspond à 365 heures, soit 9 semaines de travail, intégrées de manière anodine.

Car, dans un monde d’intelligence artificielle, la culture générale est le seul moyen de garder la qualité de clarté intellectuelle.​

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